Aimer - connaître

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Photo de Guy Leroy

dimanche 27 avril 2008

La quête de la Sagesse

La quête de la sagesse est une recherche à la fois mystérieuse, passionnante et en quelque sorte dangereuse.
Laisser couler la vie en soi
Mystérieuse, parce qu'elle n'est pas le fruit de l'acquisition d'une connaissance pratique ou conceptuelle, mais au contraire d'une certaine démaîtrise de soi par rapport au dynamisme vital qui coule en soi-même. On a affaire ici à un laisser-couler-la-force-de-la-vie-en-soi. Cette sagesse fondamentale et créatrice, il s'agit de la demander à Dieu régulièrement et, si l'on y consent vraiment, il nous en fait le don gratuit et total. Mais, comme tous les dons de Dieu, ils sont au départ à l'état de graine. Il s’agira donc d'en prendre soin et d’en faire quelque chose. C'est une merveille en devenir, pour nous, par nous et en nous.

En route vers plus haut encore !
Passionnante ensuite, parce qu'elle amène à une connaissance, un amour de Dieu, de soi et des autres qui dépasse infiniment ce que l’on peut obtenir par exemple par les techniques de relaxation, de développement personnel, le yoga ou d’autres arts humains. Pour autant, je ne renie pas ces techniques qui, par ailleurs, peuvent être tout à fait complémentaires à la quête de la sagesse.

Passionnante, elle l’est en effet, car elle produit l'amour. Pour mieux connaître, ne faut-il pas d'abord apprendre à aimer ? Dans l'Evangile de St Jean, on apprend par exemple que l'apôtre Thomas a besoin de voir pour croire, l’évangéliste nous apprend en réalité qu'il s'agit d'abord de croire pour pouvoir voir. En effet, est-il possible de voir ce à quoi nous n'accordons aucun crédit d'existence ? Nous ne voyons que ce que nous voulons bien voir… C'est pourquoi, par exemple, nous devons croire ce que notre interlocuteur nous raconte pour pouvoir saisir sa pensée. Nous devons d’abord croire à la parole d’un professeur pour avancer dans la connaissance… Passionnante donc, parce qu'avec la sagesse, c'est notre rapport au monde, à Dieu qui se trouve transformé. Et quand le prof, c’est Dieu, là alors…

Des risques…
Enfin, elle est dangereuse, cette quête, parce que qui dit transformations dit risques et donc résistances et crispations. Je me suis souvent entendu monologuer en mon fort intérieur dans ce sens : « Vas-y lance toi ! » puis, « Non, arrête tu vas mourir… »

Bien sûr la Sagesse n'est pas dangereuse au sens où nous serions réellement mis en danger de mort, puisqu'elle est un chemin de vie, de développement et d'épanouissement de soi avec les autres et avec Dieu. Cependant, aucun développement ne se fait sans de profonds changements au fond de soi. Ce premier changement fondamental, ce retournement, n’est autre que la conversion… Un moment où l’on pense que l’on s’égare et que l’on va tout perdre ou « mourir », alors que c’est justement le moment de la résurrection !
La quête de la Sagesse appelle donc à la purification de notre regard, au détachement de nos fausses croyances et à l'abandon de tout ce qui sonne faux en nous. Tout ceci en vue d'un rapport à soi, à Dieu et au monde plus fin, plus profond, plus authentique et épuré de nos passions aveuglantes et dévorantes. En ce sens, c'est vrai, il y a un véritable danger, celui de risquer de "perdre" ce que nous étions pour devenir des êtres neufs. Il y a là un passage à franchir.

Si la Sagesse nous transforme en profondeur, elle ne change pas notre personnalité. L'Esprit de Dieu ne retire pas ce qu'il a donné. Il en est incapable. Non, au contraire, Dieu veut tout nous donner. Mais il attend notre contribution, parce qu'il ne veut rien faire sans nous, sans notre plein consentement, respectueux de la liberté qu'il nous offre.

Saurons-nous donc nous offrir nous-mêmes complètement à nous-mêmes, à Dieu, aux autres... Stade suprême de la Sagesse ...

Pascal Tornay
Avril 2008


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