Aimer - connaître

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Photo de Guy Leroy

jeudi 31 janvier 2008

Pour une conscience chrétienne en politique.

Dans certains domaines, comme le politique, il existe aujourd’hui une telle quantité de règles (conventions, lois, etc…) que le droit devient une impossible jungle.

Je dis que le besoin de légiférer à tout crin est la marque d’une société décadente. S’il faut une avalanche de lois pour régler les aspects les plus légers de la vie sociale et pour que les hommes puissent cohabiter dans la paix, alors il faut s’inquiéter de la qualité de l’éducation civi(que)le offerte à nos enfants… Ne compter que sur la force répressive des lois tend à déresponsabiliser les êtres, qui, finalement, arrivent à l’illusion que la loi suffit. Ils mettent plus de foi dans la loi que dans l’éducation à un comportement personnel ajusté. La moralité étant du ressort de la responsabilité individuelle, je crois qu’aucune loi politique n’est morale. C’est une illusion qu’elles le soient un jour, même si une réflexion éthique sérieuse la sous-tend. Si elles étaient morales, elles seraient probablement tyranniques. Je crains que les êtres qui vivent dans une société qui compte trop sur la loi pour faire régner l’ordre et la paix deviennent des citoyens-esclaves. Habitués à respecter des lois qu’ils estiment ne pas avoir choisies et qu’ils ne comprennent pas, certains finiraient par ne plus les supporter, dérailleraient ou se révolteraient. Cela ne manque pas d’arriver.

Plus loin que la loi : la liberté responsable et bienveillante ! Certaines personnes peuvent être porté à confondre respect de la loi et respect d’autrui. Sûres que c’est l’obéissance à ces règles qui engendre le respect du bien d’autrui et donc finalement d’autrui proprement dit, elles pourraient se méprendre sur la finalité de la loi : C’est la loi qui est service de l’homme et pas l’inverse. C’est avant tout et surtout l’individu qui a droit au respect. Et c’est du cœur de l’homme que jaillit ce respect, ce soin pour l’autre.

Je pense que les êtres humains ont besoin d’intégrer la loi. Cela signifie qu’il faut qu’ils l’intériorisent. Il faut que, finalement, ils puissent affirmer qu’obéir à leur conscience et à la loi, ce soit pareil. Pour cela, il faut de bonnes lois ! Mais voilà une étape exigeante : une garantie de liberté. Les êtres humains sont des assoiffés de liberté ; ils sont faits pour être libres. Cependant, les hommes ne sont libres que s’ils sont mus par des lois qu’ils se sont choisies. Les démocrates l’ont compris. Pourtant c’est encore insuffisant. Les seules lois politiques qui créent une société et des êtres libres, ce sont des lois qui passent par l’intérieur de l’être humain. La loi politique doit passer le cap de la conscience humaine pour être juste, vraie et qu’elle rende vraiment libre. C’est la dure loi du bon sens, de la sagesse, de l’amour, de la conscience adulte si difficile à pratiquer parce qu’il faut que l’être soit bien à l’écoute de lui-même et du monde qui l’entoure.

A défaut de mener une politique illusoirement chrétienne, soyons – pour autant – d’authentiques chrétiens conscients de nos responsabilités politiques.

Pascal Tornay

mercredi 30 janvier 2008

Musique et liturgie

De tous temps, la musique et le chant ont été des porte-voix vers le sacré. C'est d'ailleurs dans l'objectif du sacré, de Dieu - des dieux - que l'on faisait de la musique et que l'on chantait. Le jeune David ne ravissait-il pas le roi Saül au son de sa harpe ? Ne parvenait-il pas à dissiper ses soucis ! Des milliers d'années ont passé et l'Eglise est héritière d'une tradition de musique sacrée extraordinaire. D'œuvres monumentales aux modestes pièces, les chants des chorales et des groupes d'animation de la région embaument nos célébrations liturgiques. La musique accompagne la prière des croyants et les conduit au Seigneur notre Dieu, par leur beauté, par leur cohérence avec Sa Parole. Ils sont un onguent provenant du fond de l'âme des êtres humains. Ils sont un cri touchant, un hymne à l'amour de notre Dieu. Ils Le séduisent, comme Il nous a séduit par sa Parole et son Amour. Cherchons toujours mieux à mettre la musique et les chants à l'honneur dans nos célébrations ! Une place juste, un hymne vrai, des cœurs unis, d'une même voix dans un seul Esprit, celui du Christ. 

Pascal Tornay

mardi 29 janvier 2008

Pour une intelligence politique de la vérité

Aux propos d’un candidat de l’UDC tenus sur un plateau de Canal 9 qui arguait à ses collègues adversaires politiques qu’il fallait « cesser de mentir au peuple », je me suis demander comment on pouvait comprendre la notion de « mensonge » en politique.

lundi 28 janvier 2008

La mémoire

« Un peuple analphabète, sans écriture, sans mémoire, est un peuple qui n’a pas d’histoire. » Jean-Marie Adiaffi, écrivain ivoirien contemporain, extrait de "La carte d’identité, Les présents du passé". L’homme qui ne relève pas le défi d’incruster son propre être dans le tout des Autres, qui ne parvient pas à insérer son Histoire dans celle de ceux à qui il s’identifie le plus devient un pauvre hère marginal.

dimanche 27 janvier 2008

Poème : Goût de Maroc

Je que j'ai retenu de ce voyage à Marrakech...

Aux détours de ruelles aussi fines et allongées
Que les doigts d’une femme, on trouve alignés
Les sacs d’épices colorées des marchands berbères
Hâlant les passants de harangues légères.

Marrakech en janvier, c’est le pays des paradoxes.

Là où l’été fleuri la foule scotchée aux souks hors taxes,
On trouve en hiver de plus nostalgiques ambiances
Qui affublent les places d’un air de vieille romance.

Ici, maître Soleil flirte les minarets au chant du coq

Et la neige lisse frémit à sa venue à l’horizon de l’Atlas.
Coûte que coûte, il faudra encore vendre ces breloques.
A l’aube déjà, on propose tapis, djellaba et maracasses…

Cents odeurs de vie, mille senteurs de prières : quel choc !

Ici Dieu est nommé tout haut, on le clame à tous vents.
Les marocains, eux, caracolent en moto entre les passants ;
Je suis leurs mouvements, ils conduisent sans pare-chocs !

Soudain à l’orée d’une riad, je découvre au sol une femme

Nantie de sa vieillesse, ayant pour seule parure ses loques.
D’un tendre et furtif regard, elle me transperce l’âme.
Un souffle de ce que j’ai retenu : c’est ça aussi le Maroc !

Pascal Tornay

mercredi 16 janvier 2008

Enchevêtrements

La Toussaint donne d’emblée à novembre sa couleur. Etonnant, non ! Novembre n’est-ce pas l’un des mois les plus gris de l’année ? C’est précisément à ce moment que vient se glisser la fête de la VIE !

La fête de la gloire du Christ resplendissant sur la face de toutes celles et tous ceux qui l’ont rejoint dans le Ciel ! Je repense à ce passage de l’Apocalypse de Jean au chapitre 7 et j’en frémit à l’idée que cela m’arrivera un jour, comme à vous tous d’ailleurs :

« Après cela, j’ai vu une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations races, peuples et langues. Ils se tenaient debout devant le Trône et devant l’Agneau, en vêtements blancs, avec des palmes à la main. Et ils proclamaient d’une voix forte : “Le salut est donné par notre Dieu, lui qui siège sur le Trône, et par l’Agneau !” (…) ” L’un des Anciens prit alors la parole et me dit : “Tous ces gens vêtus de blanc, qui sont-ils, et d’où viennent-ils ?” Je lui répondis : “C’est toi qui le sais, mon Seigneur.” Il reprit : “Ils viennent de la grande épreuve ; ils ont lavé leurs vêtements, ils les ont purifiés dans le sang de l’Agneau. »
(Ap 7, 9 et ss.)

Nous y sommes en plein, dans cette « grande épreuve »… Ne s’agit-il pas de notre passage sur la terre ? Quelle épreuve ! Une vie où les naissances et les morts ne cessent de se cligner de l’œil. Tout se mêle en une danse parfois folle de toutes sortes de souffrances et de joies, de cataclysmes humains et de merveilles inexprimables, de confiance et de doutes. Tout se côtoie et s’entremêle sur l’immense champ de bataille de notre existence terrestre.

Mais qu’est-ce que la mort ? Celle tant redoutée par Paul dans le chapitre 3 de son Epître aux Colossiens n’est pas la mort physique ! Nous le savons, c’est un passage douloureux, certes… Mais, pour nous chrétiens, il y a pire que cela. Il y a ces liens ténus et souvent mystérieux avec le mal – cet esclavage du péché – qui maintient l’être humain dans un état infra-humain, bestial, et finit parfois apparemment par l’abattre. Saint Paul établit même une liste des différentes morts possibles :

« la fornication, l'impureté, les affections déréglées, la mauvaise convoitise, et la cupidité, qui est de l'idolâtrie. (…) Renoncez vous aussi à toutes ces choses : colère, courroux, malice, injures, paroles honteuses venant de votre bouche. »
(Col 3, 5.8)

Pas facile d’entendre la liste de maux auxquels nous succombons. Pas facile, moins à cause de la culpabilité qu’ils font naître en nous, que parce que nous savons que nous en sommes esclaves avec une plus ou moins grande complicité…

Cependant, aujourd’hui encore, nous sommes appelés au combat de la liberté, car le tissage de notre vie se fait et se défait à tous les instants. Rappelons-nous : nous ne sommes pas seuls ! Comment un Père infiniment tendre abandonnerait son enfant ! Jamais de la vie ! Pour nous, vivants de la vie de Jésus Christ, plongés par amour avec Lui dans sa mort et sa résurrection, la mort n’a plus d’emprise, elle est comme derrière nous. Amis, la victoire est acquise à grand prix. C’est seulement dans le sillage de cette Bonne Nouvelle, de cette joie, que nous pouvons continuer la lutte dans l’espérance : parce que nous sommes des Fils et des filles de la victoire. Réjouissons-nous donc de le rencontrer face à face, à la suite de tant d’hommes et de femmes qui ont accepté le combat jusqu’au bout.

Le Seigneur Jésus Christ a vaincu la mort pour nous. Il nous offre la vie de Dieu en héritage. Quel cadeau ! Oserons-nous l’accepter ?

Pascal Tornay
Novembre 2007

lundi 7 janvier 2008

Engourdissement...

Pour les jours plus difficiles...

Une brume épaisse a envahi les espaces où l’être peut s’épanouir.

Elle englue toute occasion d’émerveillement et de joie,
Éteignant même les plus simples plaisirs de l’existence :
Ondée indéfinissable qui ne dit pas son nom.

Les émotions floues qui sourdent en moi me troublent.
Pincements sournois, languissements et longs soupirs
Manifestent au monde l’absence de sens qui pointe.
Plus rien n’a de relief et les choses meurent de similitude.

L’œil semble comme aveuglé par un rideau gris.
L’esprit ne perçoit plus ni merveilles ni miracles.
Le corps est pris d’une torpeur maladive et crispante.

Je vais sur des chemins monotones, sans enthousiasme
Il me manque un être à qui donner, pour qui me donner.
Une femme avec un peu d’espace entre ses bras.

Pascal Tornay