Aimer - connaître

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Photo de Guy Leroy

dimanche 21 septembre 2014

Corruption : c’est dans mon cœur que ça commence !

Tout commence souvent par une définition et, comme dans bien des domaines, chacun la conçoit un peu trop comme ça l’arrange ! Pour le coup, Coluche racontait qu’un des ministres français – dont il aimait tant se ficher – avait été arrêté pour corruption de fonctionnaire. En effet, il avait offert un morceau de sucre à un chien policier…

Trêve de plaisanterie ! Qu’est-ce donc que « corrompre » ? L’étymologie du mot nous ramène à un vocabulaire lié à une cassure, une rupture. La corruption renverrait donc à une relation pervertie, instrumentalisée à des fins malhonnêtes et égoïstes. Engendrée de concert par des personnes qui s’accordent secrètement pour atteindre des buts frauduleux, la corruption détourne le lien social de ses finalités que sont la gratuité, l’amour, la justice, la vérité. Cette anti-culture est évidemment très en vogue dans les milieux économiques (commerce et argent) et politiques (droit et pouvoir) puisque c’est là que se nouent les grands enjeux de société. Pourtant, ses ravages commencent concrètement bien en amont : aux entournures de l’être et au cœur même du quotidien de chacun.

http://www.transparency.ch/fr/
Sur le plan politique, « de nos jours, la corruption est un sujet qui est ouvertement évoqué dans la plupart des pays, et rares sont ceux qui prétendent ne pas en souffrir. C’est là une bonne chose, car les hommes politiques, les représentants patronaux et syndicaux, les journalistes et la société civile ont ainsi, exceptionnellement, l’occasion de s’exprimer d’une seule voix pour dire que l’éradication de ce fléau revêt un caractère d’urgence », déclare Enery Quiñones, chef de l'Unité anti-corruption de l’OCDE[1]. Selon Transparency International (TI)[2], « la corruption consiste en l’abus d'un pouvoir reçu en délégation à des fins privées »[3]. Cette définition permet d'isoler trois éléments constitutifs de la corruption :

- l’abus de pouvoir ;
- à des fins privées (donc ne profitant pas nécessairement à la personne abusant du pouvoir, mais incluant aussi bien les membres de sa proche famille ou ses amis) ;
- un pouvoir que l’on a reçu en délégation (qui peut donc émaner du secteur privé comme du secteur public).
Bref, la corruption enferme les personnes dans leur logique égoïste et ronge les sociétés dans lesquelles elle prend racine. Elle engendre entre autres :

- des inégalités sociales et creuse un fort sentiment d’injustice chez celles et ceux qui la subissent ;
- des relations humaines asymétriques entre les différents acteurs sociaux et des torsions dans la transparence des processus économiques et politiques ;
- des sociétés où règne la loi du plus fort ;
- des manques à gagner parfois gigantesques pour les caisses des Etats ;
- la méfiance et le désespoir des plus démunis qui n’ont pas de moyens de se défendre.

La Banque mondiale estime que plus de 1'000 milliards de dollars sont payés chaque année de manière indue. Au plan suisse, il est évident que la corruption n’est pas absente, mais elle revêt des formes souvent subtiles et est difficile à chiffrer. Pourtant, la presse fait régulièrement état de scandales au niveau des adjudications sur les marchés publics. Ne parlons pas de « l’affaire Giroud » qui secoue actuellement le Valais. Ou encore l’ampleur des fraudes fiscales – marché organisé et véritable mafia – que la Justice découvre en particulier ces derniers temps. 

Sur le plan biblique, la corruption est aussi un fait connu. Inutile d’aller plus loin que le livre de la Genèse pour s’apercevoir que, dès l’origine, l’homme a été corrompu et corrompt à son tour. Dans le livre de Ben Sirac le sage (Siracide ou Ecclésiastique 35, 9-13), on met même en garde les fidèles contre le fait de marchander avec Dieu. N’a-t-on pas tous un jour été tenté de marchander avec le Seigneur : « Si tu me donnes ceci, alors je t’accorderai cela ! » Le marchandage, dans ce cas, est un tue-l’amour.

Pour la Bible, le grand corrupteur c’est Satan. Il s’est attaqué au Christ et à sa mission dès après son baptême, dans le désert. Jésus s’est défendu en s’appuyant sur la Parole de Dieu, dans les Ecritures. Toujours et encore dans l’histoire du monde, Satan ne cesse de tenter l’homme pour le dérouter et le faire chuter en lui faisant croire que le mal, c’est le bien ! La meilleure lutte anti-corruption est encore de s’attacher personnellement au Christ. Lui qui est Vérité, nous rendra libre !

Non, Dieu ne veut pas la corruption. Jésus enjoint ses amis à la fuir comme le péché, puisqu’à terme, elle entraîne la mort. Pourtant, personne n’est épargné et partout les tentations sont grandes d’utiliser à son profit ce qui était destiné à d’autres ou à tous. A nous, disciples du Christ, il est demandé d’avoir un peu de courage. Non seulement de résister à la corruption, mais aussi de la dénoncer pour que soit faite la volonté de Dieu de faire droit au faible et au pauvre. Les causes profondes de la corruption ne sont pas tant à chercher ailleurs, qu’au fond de nous-mêmes. Charité bien ordonnée commence, dit-on, par soi-même. CQFD.

PS : Une campagne de lutte contre la corruption appelée « Exposed 2014 » lancée par les mouvements protestants et évangéliques suisses a pris fin en juillet dernier et avait pour but de récolter un million de signatures et d’adresser cette pétition internationale aux dirigeants du G20. Cf. www.exposed2014.ch

Pascal Tornay




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[1] Tiré de http://www.observateurocde.org/news/archivestory.php/

[2] Transparency International (TI) est une ONGI d'origine allemande ayant pour principale vocation la lutte contre la corruption des gouvernements et institutions gouvernementales mondiaux.

[3] Tiré d’un rapport de Transparency International, Cf. wikipedia sous l’item « corruption »