Aimer - connaître

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Photo de Guy Leroy

mercredi 21 mars 2018

Merci !

Cinq lettres qui font tant de bien ! D’où vient-il ce « mot-joie » ? Son vieil ami anglais, « mercy », a progressivement pris le sens de « pitié », « grâce » ou « compassion » Mot qu’on retrouve dans l’acte pénitentiel de la liturgie anglophone : « Lord, have mercy ! » Le merci francophone n’est pas étranger à ce sens quoi qu’il ait prit un chemin sémantique un peu différent. Le « merces » latin pointe plutôt des réalités comme le salaire, la récompense ou encore l’intérêt ou le rapport. Les termes « merces » et « mercy » sont donc actuellement des cousins plus que des frères.

Au 12e s., « crier merci », en vieux français ne signifiait pas « hurler sa reconnaissance » mais d’abord « demander la grâce » ! C’est aussi au 12e s. que le mot « merci » commence à devenir celui qui servira à des générations entières de reconnaître les bienfaits de leurs contemporains… Passionnante histoire !

Lorsqu’il m’arrive de traverser des moments plus difficiles, par exemple au moment où les angoisses de la nuit me gagnent, où l’ennemi se fait pressant et les combats intérieurs plus fatigants que « mercy » et « merci » pour moi s’enlacent… Ma douce prière se change en cri vers le Seigneur. Ma confiance en Lui fait que ma demande en grâce (qu’Il intervienne rapidement) est liée à l’action de grâce (merci d’être intervenu rapidement).

MERCI : un baume rafraichissant. La reconnaissance que je ne suis pas ma propre source. Redécouverte que vivre, c’est avant tout recevoir et reconnaître que, finalement, je n’ai rien que je n’aie reçu. MERCI !

Dans la langue de mon épouse, on dirait plutôt « TUASAKIDILA » ! Mais ça, c’est une autre histoire…

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(c) Dreamstime.com

De la loi à l'amour

Le Livre de la Genèse fut écrit entre le 8e et le 2e siècle avant J.-C. par de prodigieux esprits juifs, probablement influencés par une vision égyptienne du monde ou, en tous cas, par l’imaginaire socio-religieux des peuples sémitiques établit dans le « Croissant fertile ». Ce subtil poème aux intuitions exceptionnelles, manifeste que le monde est en évolution et qu’il répond au projet d’amour d’un Être extérieur à lui-même. Depuis les origines, cet univers créé s’est complexifié et s’est rempli de vie… Lumière, ciel, terre, puis eaux, végétaux, poissons, animaux terrestres et enfin, l’étonnante arrivée de l’humain, comme le couronnement d’un chef d’œuvre ! Comment ces esprits visionnaires, n’ayant aucun moyen d’observation et d’investigation scientifique sérieux à leur disposition, ont-ils compris ce que la poussée des sciences, des siècles plus tard, a confirmé. Par exemple, les astrophysiciens admettent qu’à un moment, « la lumière fut » ! En effet, progressivement, la dédensification de la matière à laisser échapper des particules nouvelles appelées « photons » qui ont pour spécialité de transporter de la lumière ! A partir de là, l’univers est devenu observable, car ces particules de lumière sont parvenues aux yeux des savants actuels ! N’est-ce pas étonnant ?

Au cours des deux derniers millénaires, une doctrine exprimée par des normes, illustrée par les Tables de la Loi et par les écrits qui lui font suite s’est précisée… Moïse en est la tête de pont. Cette Loi donnée par Dieu a contribué à extirper l’humanité du règne animal. Ces 10 règles fondatrices du vivre ensemble de l’homme continuent à influencer d’une manière inouïe les repères moraux actuels, même dans les régions du monde les plus éloignées de sa terre natale.

Peu à peu, cette Loi a engendré des comportements manifestant des signes de sclérose et a montré son insuffisance ou ses limites. C’est ainsi que le Christ survint, non pour abolir cette Loi, mais pour la pousser à son accomplissement et pour lui donner une orientation, c`est à dire l’ajuster au projet de Dieu. St Jean-Paul II écrivit à ce propos : « Le Christ est venu pour accomplir la loi, tout d'abord pour la compléter dans son contenu et sa signification, puis pour en révéler ainsi son sens complet et toute sa profondeur » (1) La Loi doit donc conduire à une relation personnelle, puissante, complète, bénéfique avec Dieu et particulièrement avec Jésus, vrai homme et vrai Dieu et avec notre prochain. Tout ceci participe de notre humanité : une relation d’amour gratuite est proposée. L’Homme n’est plus seul ; d’ailleurs dans la Genèse, Dieu lui donne une compagne, symbole de la relation que Dieu lui-même propose à tout être humain.

Qui donc a pu nouer une relation aussi exemplaire avec Jésus que Paul de Tarse ? Lui, l’adepte et le défenseur inconditionnel de la LOI, l’ennemi, le persécuteur des premiers disciples, est bouleversé par sa rencontre avec le Christ ressuscité sur le chemin de Damas. Nous sommes tous appelés à faire les pas de Paul vers Celui qui nous inspire, nous guide et pardonne nos faiblesses. Faiblesses qu’il connait de l’intérieur à travers son expérience humaine. Le Christ a les paroles de vie, la loi parfaite. Ainsi le Christianisme est PLUS qu’une doctrine, PLUS qu’une métaphysique. C’est réellement une relation suivie et fraternelle avec Quelqu’un. Elle s’épanouit chaque fois que nous aimons à la fois Dieu et notre prochain, dans la gratuité et la générosité, malgré les embûches et les blessures.
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(1) Jean-Paul II, voyage apostolique en Pologne, 1999.

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Pourquoi si longue ?

Pour certains, la messe du dimanche est interminable ! Alors que dira-t-on de celle grande liturgie de la veillée pascale ? Largement « raccourcie » – chacun aura sa vision – après le Concile Vatican II, quoi que dans certains lieux, on aime prendre le temps de faire les choses tout en langueur comme pour pénétrer un peu plus le mystère… Un couple « m’avouait » récemment ne saisir ni les paroles, ni les signes, ni les gestes, ni les postures du corps que l’assemblée était invitée à prendre tout au long de l’Eucharistie… Dans ces conditions, comment ne pas trouver le temps long ? Crise du sens, déconnexion ! Evidemment, dans ces cas, c’est soit l’apathie, soit la désertion. Beaucoup choisissent la désertion, je les comprends !

Mais, il y a en effet un « mais » : il y a une voie médiane. Certes, elle demande un certain engagement, de l’abnégation, mais surtout la foi ! C’est d’y aller en mission : aller à la messe en mission d’observation. Objectif : rester attentif puis se faire aider si possible : questionner des amis, fréquenter des groupes chrétiens, lire un bouquin… Celui de Pascal Destieux intitulé « La messe : enfin je comprends mieux » est un exemple.

Nous, occidentaux, on part souvent de la théorie – pourtant ça veut dire « contemplation » en grec ! – pour passer ensuite à la pratique. Pour le permis de conduire, c’est vrai en tous cas. Les hébreux eux partent de la pratique et d’un langage très imagé, concret. Ils vivent d’abord et ils s’expliquent ensuite. Cela s’appelle la mystagogie ! C’est-à-dire ? C’est le vécu communautaire qui est chemin d’apprentissage et pas d’abord l’idée que l’on se fait des choses. D’abord le réel, ensuite les schémas… La catéchèse des premiers chrétiens était ainsi faite : L’Eglise te baptiste, elle te confirme, tu poursuis ton chemin avec ta communauté et tu verras bien. Le Christ dit à ses amis « Venez et voyez » ! C’est-à-dire « vous comprendrez en avançant ! » Notre manière occidentale de faire de la catéchèse, c’est plutôt : théorie puis pratique, comme le permis. Par ailleurs, on ne sait pas si un « permis mystagogique » donnerait de bons résultats !

La liturgie de la Veillée de Pâques – ce sera le 31 mars prochain – est tout particulièrement pleine de signes forts éclairés par les prières du célébrant. Evidemment, cela demande un effort de présence ! Plus j’y mets mon cœur, c’est-à-dire que plus j’invoque le Seigneur pour qu’il me touche et me conduise, plus la célébration prend son sens et plus j’y trouve sens et plénitude.

1. On commence dehors – au froid – on chante la joie du FEU NOUVEAU (Jésus) qui brille dans la nuit qui brise les ténèbres. On allume le cierge pascal (symbole du Christ ressuscité) au feu et on forme une procession : le peuple suit la lumière du Christ. Tous entrent dans l’église sombre, chacun munis de sa flamme, car le Christ est la lumière pour chacun. On entend résonner un « cri chanté » par trois fois : « Lumière du Christ » et le peuple répond : « Nous rendons grâce à Dieu ». Merci Seigneur !

2. On entend proclamer la PAROLE DE DIEU à travers un plus grand nombre de texte que d’habitude. On retrace le chemin parcouru dans l’Alliance avec Dieu depuis nos origines hébraïques. Cela prend du temps, est entrecoupé par des psaumes chantés. Rester attentif est déjà un beau défi !

3. Le célébrant bénit l’EAU, source de vie et signe du baptême. L’eau, tout à la fois symbole de la mort (on y meurt si l’on s’y noie !) et de la vie (pas de vie possible sans eau sur terre !). On célèbre des baptêmes et en l’aspergeant sur la foule, on se rappelle qu’on a besoin d’ « eau vive », c’est-à-dire d’être toujours renouvelé (dans le pardon) pour poursuivre notre route en paix.

4. Enfin, on met la table et on mange ! Le repas de Jésus, l’EUCHARISTIE, c’est lui qui se donne tout entier en nourriture dans son Corps (pain) et dans le Sang (vin). Nous rappelons sa mort et sa résurrection à travers ce repas qui scelle notre lien avec lui.

« Trop longues, ces messes » entend-on ? Pourtant, je ne dis jamais cela lorsque je participe à un moment fort et qui me touche ! C’est là toute la question finalement : comment me laisser toucher ? Comment y mettre du mien ? La Vigile pascale, c’est vrai, est un moment spécial, car elle est le centre « nerveux » de l’année de l’Eglise et de la vie des chrétiens : on y célèbre la vie du Christ triomphant de la mort et de toute mort. S’y enracinent toutes les autres liturgies de l’année.

Crédit images :
1. Allumage cierge pascal : © www.alsace.catholique.fr
2. Lectures : © www.jevismafoi.com
3. Baptême : © www.pelerin.com
4. Eucharistie : © arrasmedia.keeo.com