Aimer - connaître

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Photo de Guy Leroy

vendredi 21 novembre 2014

Philae, je t'aime !


Pour aller chronologiquement, Philae c’est d’abord une île située en Haute-Egypte sur le Nil et submergée dans les années 1970. Jusqu'en 1974, elle contenait les ruines des temples et d'une ville antique égyptienne.

Aujourd’hui, Philae, c’est surtout la coqueluche des astrophysiciens… Philae est le nom d’un atterrisseur de l'Agence spatiale européenne transporté à quelque 510 millions de km de la Terre par la sonde spatiale Rosetta jusqu'à ce qu'il se pose sur la comète dite Tchoury le 12 novembre 2014, plus de dix ans après avoir quitté notre Terre. Il s'agit du premier atterrissage contrôlé sur un tel astre. Ses instruments ont envoyé les premières images jamais obtenues depuis la surface d'une comète et devraient permettre de faire la première analyse in situ de la composition de son noyau.

Appeler un robot Philae – « qui aime » – : a-t-on idée ? Bizarre, oui ! Sauf que pour les astronomes et les physiciens de l’espace cette histoire est une véritable histoire d’amour. D’ailleurs certains d’entre eux ont pleuré de joie à l’occasion de cet événement unique. Emerveillement de l’Homme aux prises avec un univers infini dont la nouveauté est si incroyable, l’agencement si fin et la cohérence si parfaite qu’ils n’ont de cesse d’étonner nos yeux, nos intelligences et nos cœurs !

L’aventure scientifique – tout comme l’aventure spirituelle – est une aventure humaine qui se conjuguent avec le signe + : un Plus pour les scientifiques, une Croix pour les chrétiens ! Cela dépend de la perspective… Aujourd’hui, la communauté des croyants et celle des scientifiques ont compris qu’ils peuvent regarder ensemble par les deux lorgnettes d’une même jumelle tout aussi passionnément les uns que les autres ! N’y voit-on pas plus clair ainsi ? Mais combien de sang de fils d’hommes n’a-t-il pas fallu verser pour y parvenir ?

Parvenu ? Pas encore totalement si l’on en croit encore les purs et durs de chaque bord qui n’ont pas encore aperçu que la vérité ne se laisse pas voir d’un seul tenant.

Côté ecclésial, on a saisit que le message de la Bible n’est pas un ouvrage journalistique ou historique. On a enfin compris que, prise au pied de la lettre dans son ensemble, elle n’est qu’un tissu d’incohérences et que le message profond et vivifiant est à recueillir sans cesse à travers le texte dans un cœur à cœur avec le Dieu d’amour qui cherche l'Homme. On a constaté concrètement qu’ouvrir sa lecture à d’autres perspectives, notamment historico-critique, est source d’une foi plus réaliste, plus libre, plus puissante !

Côté scientifique, on a saisit que la réalité n’est pas seulement la réalité visible et qu’elle ne se limite pas à un agencement – fut-il extraordinaire – de protons, de neutrons et d’électrons. On a constaté que la science ne donnait pas à voir une totalité, mais qu’elle était, elle aussi, un angle de vue sur une réalité complexe et multiforme. On a réalisé avec modestie que l’Homme et la nature ne se limitent pas à un corpus de cellules, mais on convient plus ou moins qu’il doit exister une force supérieure, une main invisible qui ordonne ceci et le rend… vivant !


Source : www.legorafi.fr
Toutes les tentatives de faire d’une perspective une totalité a mené les hommes à devenir des tyrans sanguinaires pour leurs semblables. Notre compréhension des réalités passées, présentes et à venir restera toujours un balbutiement au regard de l’Infini qui s’offre sans cesse à nous. Loin d’être une nouvelle jérémiade, ce que je viens de dire est bien plutôt un cri d’amour et d’émerveillement. Devant un paysage ahurissant de beauté, on ne s’écrie pas : « Bon sang, je n’y comprends rien ! » Mais on se laisse simplement pénétrer par l’instant merveilleux !

Oui, effet, qu’il est bon de se replacer face à cet Infini…
comme devant cet univers infini qui nous donne le vertige,
comme devant la merveille de la vie qui a jaillit un jour on ne sait comment,
comme devant des scientifiques… qui pleurent. Merci Philae !

Je trouve que Philae nous montre à quel point nous sommes petits. Ni les croyants, ni les savants ne peuvent s’enorgueillir de posséder la vérité ! Rien ni personne ne pourra jamais la posséder et c'est une source de joie ! La vérité – merveille pure – se contemple par une myriade de facettes toujours à partager, à réconcilier. Ce que l’on croit posséder, nous échappe toujours ! Oui, Seigneur, ce que Tu as caché aux ecclésiastiques et aux scientifiques, Tu l’as révélé aux tout-petits…

Je t’aime, Philae !

Pascal Tornay