Aimer - connaître

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Photo de Guy Leroy

jeudi 2 juin 2016

« Repose-toi un peu… »

A regarder l’humain vivre, je perçois mystérieusement, en creux, un profond appel. Dieu n’appelle-t-il pas l’humain sans cesse ? Ne crie-t-il pas vers nous à travers de multiples réalités et particulièrement à travers nos besoins ? Ces besoins qui marquent si bien notre dépendance et notre vulnérabilité… « Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? » questionne saint Augustin. Divers et variés, nos besoins fondamentaux ne sont-ils pas antagonistes ? Paradoxaux tout au moins ! Qu’ont-ils à nous dire de la part du Seigneur ?

Être de besoins. – Au quotidien, nous avons besoin de bouger et de nous reposer ; d’inspirer et d’expirer ; de manger et d’évacuer, de vivre la proximité et l’isolement ; d’écouter et de parler, etc. Nous sommes à la fois pétris de forces, mais criblés de fragilités ; dotés d’une folle intelligence, mais capable des plus belles imbécilités… Comme l’écrit l’Ecclésiaste : « Il y a un moment pour tout et un temps pour chaque chose sous le soleil. Un temps pour pour donner la vie, et un temps pour mourir ; un temps pour planter, et un temps pour arracher. Un temps pour tuer, et un temps pour guérir ; un temps pour détruire et un temps pour construire. Un temps pour pleurer, et un temps pour rire ; un temps pour gémir, et un temps pour danser. » (Qo 3, 1-4)

Profond appel. – Au gré de ces antagonismes apparents, au cœur de la vie de l’humain et de tout être vivant, se trouve cachée une belle chanson d’amour. Une chanson qui crie tendrement à l’Homme qu’il ne peut pas s’épanouir sans être, sans vivre en relation avec lui-même, avec les autres et avec « plus-grand-que-lui », le « Je-suis » (Ex 3, 14), la source de vie. Ce profond appel résonne clairement aux oreilles de qui veut bien écouter. © https://image.jimcdn.com

Don suprême. – A qui écoute au plus profond, comme Salomon, fils de David et roi d’Israël, il est donné par le Seigneur de choisir entre différents dons. Ce dernier a choisi le cadeau suprême : le discernement. N’est-ce pas ce don de Dieu qui permet à tout humain de devenir un souverain heureux ? Pourquoi ? Parce que notre dignité humaine est liée à notre libre arbitre, à notre capacité de réfléchir (c’est-à-dire de re-fléchir ou de re-fléter et là on revient à l’image de Dieu), à la nécessité qu’il y a pour vivre de discerner et de juger ! Que faire pour bien faire ? Il nous faut impérativement voir et juger (au sens souverain du terme) pour agir !

Un subtil poème. – Cet appel à l’équilibre fait battre notre cœur. Cette quête permanente est comme un poème d’amour en forme de désir que Dieu dépose en chacun de nous. Au gré des moments de la journée, le poème revient en notre âme avec une subtilité telle qu’on en oublierait l’auteur… Dans les décisions les plus banales de chaque jour, LUI qui est notre Souffle, il fait entendre sa voix… « Je dois aller faire des courses, mais je devrais plutôt me reposer, j’en ai besoin. Que faire ? Remettre à demain ce qui est à faire aujourd’hui n’est pas très sérieux. Pourtant, à chaque jour suffit sa peine… Je ne suis pas plus avancé, que faire ? » Cette banale affaire a le pouvoir de nous emmener jusqu’au fond de nous-mêmes, là où IL nous attend toujours… pour qu’on finisse par décider… dans sa mouvance…

Reposez-vous. – Sensible à ces équilibres fins sans lesquels les humains se meurent, Jésus, après avoir emmené avec lui ses disciples en mission et après les avoir envoyés eux-mêmes dans tout le pays, leur dit : « Venez à l’écart dans un endroit désert et reposez-vous un peu. » En effet, des foules nombreuses les poursuivaient partout. Suivre le Christ n’est pas de tout repos, aujourd’hui encore !

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Se re-positionner. – Choisir le repos, dans notre monde où tout va si vite, est certainement la preuve d’une grande sagesse. Se reposer, c’est re-prendre des forces, mais c’est aussi se re-poser, c’est-à-dire re-voir mon positionnement, ré-envisager ma manière de considérer une difficulté, re-visiter mon regard sur une personne que je supporte mal ; re-chercher le moyen de dépasser une peur, une angoisse ; etc. En ce qui me concerne, je considère le « re » de repos comme un subtil appel, un « clin Dieu » qui m’invite à laisser jaillir le re-nouveau du cœur de l’ancien. Si l’on a un tant soit peu d’amour pour soi-même, peut-être est-ce le besoin humain le plus sacré…

Bon re-pos !
Pascal Tornay