Aimer - connaître

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Photo de Guy Leroy

mardi 27 décembre 2016

C'est toujours la même chose...


Source : http://www.demainjechange.com
BONNE ET HEUREUSE ANNEE 2017 !

« C’est toujours la même chose ! ». Cette petite phrase assassine vient subtilement confirmer aux oreilles de l’interlocuteur qu’une certaine lassitude, un indifférence molle, un regard blasé, habitué – pire encore un dégoût – s’est installé… Pourtant, d’une certaine manière, c’est vrai : c’est toujours pareil ! Une année suit l’autre avec son cortège de fêtes, de rencontres qui sont tout autant de passages. On entend souvent : "Il va prendre ses 82 ans ; Elle en a vu d’autres… ; On sait, on connaît, pas besoin de nous faire des dessins… ; Oui, oui, on fait comme on a toujours fait… C’est toujours la même chose ! 

Et pourtant… Si l’on se penchait un peu plus sur cette question, on verrait assez clairement que le « toujours-la-même-chose » renferme une belle surprise… Nouvel An est bien à la même date chaque année, mais suis-je dans la même posture de vie, dans le même état d’accueil qu’il y a 365 jours ? De même, la messe est bâtie selon le même protocole et c’est toujours le mystère pascal que l’on célèbre, mais ce qui est dit et ce que je reçois – pour autant que j’écoute – n’est-ce pas toujours autre ? Quant à moi, je suis toujours moi-même, mais je ne suis plus un bébé ?

Bref, au cœur du retour des choses, au creux de ces routines se trouve cachée la source vive de la vie, la Parole originelle du Vivant, l’enthousiasme de l’Homme-Jésus qui parle ici et maintenant à nos âmes engluées et fatiguées. Le Seigneur lui-même ne promet-il pas à toutes celles et tous ceux qui retrouvent le chemin de l’enfance de l’âme, cette posture confiante et abandonnée des tout-petits, le goût de la nouveauté éternelle.
"Jésus appela à lui ces enfants, en disant : "Laissez les petits enfants venir à moi, ne les empêchez pas; car c'est à leurs pareils qu'appartient le Royaume de Dieu. En vérité je vous le dis : quiconque n'accueille pas le Royaume de Dieu en petit enfant n'y entrera pas." (Lc 18, 16-17)
Ne trouvez-vous pas que le réel nous appelle toujours ailleurs et autrement ? Alors, laissons-nous saisir ! Je vous souhaite de retrouver, dans le Christ, un enthousiasme nouveau pour une année 2017 pleines de joyeux imprévus…

Pascal Tornay

jeudi 18 août 2016

Défis quotidiens pour engendrer une "Eglise-Communion" (koinonia)

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 ENGENDRER UNE « EGLISE-COMMUNION » (en grec : Koinonia) OU LES DEFIS QUOTIDIENS POUR ENGENDRER UN ESPACE DE COMMUNION

Chacun en a fait l’expérience douloureuse: pas de vie sur terre sans communion. Pas de développement humain et social sans cette adéquation, cette cohérence fondamentale, cette unité profonde – unité en nous, entre nous et ultimement avec l’humanité toute entière. Un être désuni à lui-même et aux autres est un être meurtri, blessé qui a besoin d’être restauré, relevé. C’est ce que fait le Christ avec les êtres possédés dans l’Evangile qui ne sont mêmes plus à eux-mêmes : il restaure l’unité de la personne. Prendre conscience de la nécessité d’être en communion avec soi-même est donc un premier pas pour un développement spirituel et intégral.

L’appel à vivre en communion est inscrit au plus profond de l’être : nous sommes conçus pour « exister en communion ». Cette inscription dans l’Esprit et dans la chair – tous deux formes une communion qu’on appelle « une personne » – fait que nous ressemblons à Dieu-Trinité. Nous en sommes l’ « image » dit la Genèse. Cet appel est d’autant plus fort que, lorsque cette communion est rompue en nous et/ou entre nous, nous souffrons… La souffrance n’est-elle pas le rappel douloureux que nous sommes conçus pour vivre en communion ?

Être en communion est directement lié à la vie sociale, mais aussi de manière corollaire à la liberté de chacun, à l’amour fraternel et à la miséricorde (pardon), sans quoi il n’y a pas de communion réelle possible.

La communauté, comme la maison, sont des lieux-sources, mais aussi des lieux d’épreuve, de croissance et de développement, des lieux d’appel et de témoignage. L’un ne va jamais sans l’autre.

Réaliser la communion est tout à la fois un don de Dieu, l’œuvre même de Dieu mais aussi un désir du cœur et un travail acharné de chacun.

1. Comme don de Dieu, la communion est d’abord à recevoir dans la Parole, dans l’Eucharistie, dans les sacrements, dans la formation, dans le lien au frère et à la sœur, là où Dieu est réellement présent.

2. Comme désir du cœur, la communion provient de plus profond en nous que le simple niveau de la volonté (faire montre de bonne volonté, être de bonne foi) et met en mouvement tout l’être.

3. Comme travail acharné, la communion est un fruit qui demande l’engagement de toute la personne (volonté, ouverture, désir, mise en pratique de la Parole dans les petites choses comme dans les grandes, etc.)

Prendre conscience qu’il s’agit d’un chemin toujours à faire est un déjà une belle avancée…

Saurons-nous être ces « premiers chrétiens du 21e siècle » dont on pourra dire : « Voyez comme ils s’aiment. »
Août 2016

jeudi 2 juin 2016

« Repose-toi un peu… »

A regarder l’humain vivre, je perçois mystérieusement, en creux, un profond appel. Dieu n’appelle-t-il pas l’humain sans cesse ? Ne crie-t-il pas vers nous à travers de multiples réalités et particulièrement à travers nos besoins ? Ces besoins qui marquent si bien notre dépendance et notre vulnérabilité… « Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? » questionne saint Augustin. Divers et variés, nos besoins fondamentaux ne sont-ils pas antagonistes ? Paradoxaux tout au moins ! Qu’ont-ils à nous dire de la part du Seigneur ?

Être de besoins. – Au quotidien, nous avons besoin de bouger et de nous reposer ; d’inspirer et d’expirer ; de manger et d’évacuer, de vivre la proximité et l’isolement ; d’écouter et de parler, etc. Nous sommes à la fois pétris de forces, mais criblés de fragilités ; dotés d’une folle intelligence, mais capable des plus belles imbécilités… Comme l’écrit l’Ecclésiaste : « Il y a un moment pour tout et un temps pour chaque chose sous le soleil. Un temps pour pour donner la vie, et un temps pour mourir ; un temps pour planter, et un temps pour arracher. Un temps pour tuer, et un temps pour guérir ; un temps pour détruire et un temps pour construire. Un temps pour pleurer, et un temps pour rire ; un temps pour gémir, et un temps pour danser. » (Qo 3, 1-4)

Profond appel. – Au gré de ces antagonismes apparents, au cœur de la vie de l’humain et de tout être vivant, se trouve cachée une belle chanson d’amour. Une chanson qui crie tendrement à l’Homme qu’il ne peut pas s’épanouir sans être, sans vivre en relation avec lui-même, avec les autres et avec « plus-grand-que-lui », le « Je-suis » (Ex 3, 14), la source de vie. Ce profond appel résonne clairement aux oreilles de qui veut bien écouter. © https://image.jimcdn.com

Don suprême. – A qui écoute au plus profond, comme Salomon, fils de David et roi d’Israël, il est donné par le Seigneur de choisir entre différents dons. Ce dernier a choisi le cadeau suprême : le discernement. N’est-ce pas ce don de Dieu qui permet à tout humain de devenir un souverain heureux ? Pourquoi ? Parce que notre dignité humaine est liée à notre libre arbitre, à notre capacité de réfléchir (c’est-à-dire de re-fléchir ou de re-fléter et là on revient à l’image de Dieu), à la nécessité qu’il y a pour vivre de discerner et de juger ! Que faire pour bien faire ? Il nous faut impérativement voir et juger (au sens souverain du terme) pour agir !

Un subtil poème. – Cet appel à l’équilibre fait battre notre cœur. Cette quête permanente est comme un poème d’amour en forme de désir que Dieu dépose en chacun de nous. Au gré des moments de la journée, le poème revient en notre âme avec une subtilité telle qu’on en oublierait l’auteur… Dans les décisions les plus banales de chaque jour, LUI qui est notre Souffle, il fait entendre sa voix… « Je dois aller faire des courses, mais je devrais plutôt me reposer, j’en ai besoin. Que faire ? Remettre à demain ce qui est à faire aujourd’hui n’est pas très sérieux. Pourtant, à chaque jour suffit sa peine… Je ne suis pas plus avancé, que faire ? » Cette banale affaire a le pouvoir de nous emmener jusqu’au fond de nous-mêmes, là où IL nous attend toujours… pour qu’on finisse par décider… dans sa mouvance…

Reposez-vous. – Sensible à ces équilibres fins sans lesquels les humains se meurent, Jésus, après avoir emmené avec lui ses disciples en mission et après les avoir envoyés eux-mêmes dans tout le pays, leur dit : « Venez à l’écart dans un endroit désert et reposez-vous un peu. » En effet, des foules nombreuses les poursuivaient partout. Suivre le Christ n’est pas de tout repos, aujourd’hui encore !

© http://cache.cosmopolitan.fr

Se re-positionner. – Choisir le repos, dans notre monde où tout va si vite, est certainement la preuve d’une grande sagesse. Se reposer, c’est re-prendre des forces, mais c’est aussi se re-poser, c’est-à-dire re-voir mon positionnement, ré-envisager ma manière de considérer une difficulté, re-visiter mon regard sur une personne que je supporte mal ; re-chercher le moyen de dépasser une peur, une angoisse ; etc. En ce qui me concerne, je considère le « re » de repos comme un subtil appel, un « clin Dieu » qui m’invite à laisser jaillir le re-nouveau du cœur de l’ancien. Si l’on a un tant soit peu d’amour pour soi-même, peut-être est-ce le besoin humain le plus sacré…

Bon re-pos !
Pascal Tornay