Aimer - connaître

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Photo de Guy Leroy

jeudi 24 juillet 2008

Les mots et la mort : deux passages

Sur le chemin qui mène à
l'alpage du Plan-de-la-Chaux (Val Ferret)
au pied du Mont-Dolent.
Avec les mots et la mort, l'on se trouve aux prises avec une paradoxe, comme je les aime ! Ces deux réalités sont à la fois des lieux de passage vers la vie, des lieux de germination et tout autant des lieux limitrophes, des lieux de cassure et de blessure, dont il est difficile de dissimuler l'ampleur.

Ainsi, d'une part, les mots, c'est la vie par le lien possible à l'autre et au monde par la parole, l'écoute et avec le passage de la mort à la résurrection à la vie de Dieu avec, c'est la vie pleine de l'Eternel qui s'annonce. Pourtant d'autre part, les mots et les notions qu'ils pointent ont clairement leurs limites... Combien de fois ne ratons-nous pas notre cible en ne nous faisant pas comprendre justement. Le passage est bloqué, il n'est pas apte à transmettre la profondeur de l'être, la beauté de la vie. Peut-être parce que nous avons des oreilles, mais que nous n'entendons pas dit le texte de l'Evangile.

Pour être passage, la mort n'en est pas moins une limite absolue du connu humain. Une immense muraille qui peut tout aussi bien crisper, bloquer, renfermer. Si l'être humain est à l'image de son Créateur, alors il est paradoxe. Un paradoxe dynamique qui se meut et se développe dans les dédales terrestres du tout et de son contraire...

Voici un texte qui montre un peu les difficultés qui présentent ces "lieux de passage"... Bonne lecture.

jeudi 17 juillet 2008

L'argent, une clé qui ouvre une culture !

On peut idolâtrer l'argent au point de s'en rendre esclave... On peut user de l'argent en en connaissant la valeur d'échange. En m'intéressant à la numismatique, j'ai été attiré par l'argent moins à cause de la puissance - la richesse - qu'il procure, qu'à cause des aspects sociaux au sens large du terme entraînant avec lui tout un univers symbolique, culturel, politique et historique.

Avec la pièce de monnaie, je remonte le temps, j'apprends l'histoire et ses jalons, je frémis à l'idée qu'elle a peu-être été échangée sur telle ou telle marché contre telle ou telle étoffe, nourriture, travail... Bref, j'ai devant les yeux, dans les mains, une étincelle d'histoire et de culture ! Je voyage ! Je vous propose donc ici de faire connaissance avec 8 pièces de monnaies de plus ou moins grande valeur. La valeur étant pour moi plutôt secondaire. Pour autant, la plupart des pièces suivantes sont en argent au titre de 480 jusqu'à 900. Cliquez sur le nom de la monnaie et vous obtiendrez une carte d'identité numismatique qui va vous permettre d'entrer dans le mystère de l'origine et de la nature de la pièce de monnaie... En route !

Pascal Tornay





Quelques belles pièces :

8 reales - Royaume d'Espagne - 1776
1 penny - Royaume de Grande-Bretagne et d'Irlande - 1806
5 francs - Royaume de France - 1833
8 doubles - Territoire de Guernsey - 1834
2 kopecks - Empire russe - 1840
5 pengö - Royaume de Hongrie - 1938
1 livre - République arabe unie (Egypte) - 1968
5 shilling - République démocratique de Somalie - 1970

mardi 15 juillet 2008

Réflexion d'un laïc permanent dans un comité de parti...

Mes activités politiques au sein du comité du PDC de Vollèges et plus largement dans le champ politique au sens large dans le Bas-Valais sont antérieures à mon engagement comme laïc permanent dans l'équipe pastorale du secteur de Bagnes (diocèse de Sion). Extrêmement conscient de l'importance d'un engagement fidèle et profond des chrétiens dans le champ politique, la question se pose, dans mon cas, quelque peu différemment à cause de mon mandat public et officiel au service de l'Eglise. Qu'en est-il ?

Tous seront d’accords pour dire que cette position est risquée. Je l’accorde volontiers. Pour autant, le fait de devoir risquer n’est-il pas un argument insuffisant pour qu’il faille abandonner ? Il y a plusieurs types de situation. Pour un laïc permanent, travailler dans un parti se réclamant des valeurs du christianisme – et par ailleurs encore largement majoritaire à Vollèges – semble aller de soi et ne pas poser de bien gros problèmes. En effet, en période de calme, ma fonction de secrétaire se coule dans une indifférence à peu près générale.

A l’heure actuelle, le PDC vit des heures un peu plus houleuses, puisque des mécontentements se sont faits jour au sujet de la manière dont sont conduites les affaires communales et que des tensions émergent de droite et de gauche. Il faut dire que les élections communales s’approchent et que ce sont incontestablement des lieux (c’est à dire les élections internes ou les élections officielles) où le peuple aime montrer son pouvoir souverain soit en nommant, soit en évinçant les personnes qu’elles souhaitent ou non voir devenir devenir ses représentants. Les électeurs ont par ailleurs le devoir fondamental de l’exercer. Bref.

Ma position au sein de ce comité n’est tenable – me semble-t-il – qu’aux 6 conditions suivantes :

1. que le comité montre un front uni et solidaire et que ses dires soient en cohérence avec ses actes ;

2. qu’il assure un processus de pilotage totalement transparent et ouvert de la campagne électorale et des élections en s’assurant entre autres, constamment d’un maximum de distance critique face aux événements et aux propos tenus ;

3. qu’il respecte sa position d’exécutif, c'est-à-dire qu’il reste soumis aux décisions souveraines de l’Assemblée générale ;

4. qu’il ne prenne parti pour aucun camp émergeant lorsqu’il y a des dissensions, mais plutôt qu’il cherche à occuper une position arbitrale ;

5. que les seuls objectifs du comité soient la pacification des relations, la construction d’une société locale générant la solidarité, la confiance mutuelle, la bienveillance et la participation à la mise en place d’une équipe communale compétente et partageant les objectifs du comité ;

6. qu’il s’assure que toute atteinte au respect et à l’intégrité personnelle d’autrui soit bannie de ses Assemblées générales et de toutes ses instances.

Pour ma part, j’estime que ces 6 conditions sont réunies et que ma position de laïc permanent engagé dans ce champ – actuellement conflictuel – peut même être vécu comme un travail pastoral puisque mû par un profond désir d’œuvrer pour paix et la construction d’une société communale responsable et ouverte. En outre, il me semble extrêmement important de savoir distinguer fondamentalement la personne de sa fonction. Cela permet, indépendamment du travail effectué, des décisions prises et des actes posés par cette personne, de continuer à l’aimer pour ce qu’elle est. Je puis ainsi émettre certains reproches sur les actions et les comportements des personnes sans que, ni la hargne, ni l’amertume ne montent en moi et ne diminuent ma clairvoyance.

Il existe pourtant un autre type de risque. S’il est possible à mes collègues du comité, à mes supérieurs sur le plan ecclésial, à mes proches, parce qu’ils me connaissent bien, d’apprécier correctement ma position et mon comportement dans cette situation et d’affirmer que je suis dans la vérité et la justesse, il n’en est pas de même pour mes éventuels détracteurs qui pourraient, eux, voir les choses d’une autreperspective. Si tant est que je devais essuyer des attaques ou des jugements à mon encontre de la part de l’un ou l’autre groupe de la population, c’est ma position pastorale ou ecclésiale, et plus précisément ma parole en tant que membre laïc du clergé, qui pourrait être publiquement discréditée. Et de cela, indépendamment de la justesse de mon comportement, je ne suis pas maître.

Est-ce une raison d’abandonner cette charge à la charnière de l’Eglise et de l’Etat ? L’une et l’autre seront-elles toujours en concurrence ? A l’aube de mon engagement à plein temps et de plein droit dans l’équipe pastorale, dois-je déjà choisir mon camp ? Ne puis-je pas participer aussi à la construction du "vivre-ensemble" des hommes de cette terre dès maintenant autrement que par un apport spirituel ? Que ton visage m’éclaire, Seigneur, et je connaîtrais le chemin !

Pascal Tornay

jeudi 10 juillet 2008

Des chrétiens en Haute-Marne

Le petit village de Tornay
aux confins sud de la Champagne-Ardennes.
Je me suis rendu récemment - comme régulièrement - au sud de la Haute-Marne, dans la commune de Tornay où j'ai retrouvé de nombreux amis et connaissances et où j'ai partagé d'intenses instants fraternels. Tornay est un petit bourg agricole d'une quarantaine d'habitant. Un de mes amis, Denis Raillard, y a été élu maire l'an passé. Le conseil municipal est composé de 9 membres (8 actuellement) et parvient avec peine à mettre au point et à réaliser quelques projets de modernisation des infrastructures et d'embellissement des lieux de vie. Ceci à cause de la faiblesse des entrées financières et des difficultés d'entente entre les uns et les autres. Pourtant des avancées ont été faites et aujourd'hui une majorité de l'équipe municipale tire à la même corde. C'est réjouissant. Le conseil municipal et moi-même souhaiterions pouvoir publier une petite plaquette sur la commune de Tornay, sur son histoire et la vie de ses habitants. Nous sommes en train de rassembler le matériel nécessaire et notamment d'anciennes cartes postales et des références bibliographiques. Nous verrons encore quel ampleur, nous pourrons donner à ce projet !


Sur un autre plan, j'ai entre autres eu l'occasion de prier lors de deux célébrations de funérailles. J'ai été touché par la manière de célébrer du Père Philippe Robert, curé de la paroisse du Bienheureux Nicolas Colin (1) empreinte de simplicité, de profondeur, de compassion et de joie même. J'ai été touché par l'engouement d'un groupe de chantres dont les responsables - Mmes Marie-Agnès Frison et Chantal Heyman - m'ont invité à leur dernière répétition de chant annuelle, après que le Père Philippe m'eut présenté brièvement à la messe dominicale à Bussières-lès-Belmont, près de Tornay.

L'équipe pastorale est composée d'un prêtre, de deux diacres et de quelques laïcs permanents. Ceux-ci travaillent sur un territoire qui regroupe 23 communes et qui compte environ 3'000 habitants. La pratique dominicale est faible et la culture chrétienne ne correspond pas à ce que nous connaissons dans notre région du Val de Bagnes, mais le fait qu'il n'y ait qu'une messe "tournante" dans toute la région chaque dimanche rassemble les chrétiens... Ainsi, l'église ne manque pas d'être pleine. La moyenne d'âge est élevée, mais cela n'est pas un obstacle à la joie ! Mais la pratique n'est pas le seul signe à prendre en compte.

Je suis toujours très touché de voir s'organiser les chrétiens dans tous les endroits où je me rends en vacances. Je vois les hommes et les femmes d'une région être partie prenante de l'oeuvre du Salut de Dieu, prendre leur part à la venue du Royaume. Oui, les efforts de ces gens ne font pas de bruit. Un petit murmure dans un monde où gronde encore la haine et la violence. Petites avancées de la vie quotidienne, où le monde est porté, aimé, soigné, consolé. Moments banals de grâce dont la TV, bien souvent, se montre incapable de donner le moindre écho. Merci à tous ces gens !

(1) La cure est sise à Fayl-Billot et la paroisse appartient au doyenné Sud du diocèse de Langres qui regroupe 23 communes.

Pascal Tornay