Aimer - connaître

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Photo de Guy Leroy

mardi 14 novembre 2017

Le tumulte


http://galerieourika.wifeo.com/images/tumulte-bis.jpgAutour de nous la mer gronde, certains hommes – des fous – se déchirent au nom de dieux qu’ils mutilent et dont ils ne savent pas appréhender le moindre contours. D’autres encore n’ont pas de dieu : c’est pire. Les régimes athées de Mao, Staline et Pol Pot – pour ne citer qu’eux – ont battu tous les records de massacres et d’atrocités. L'institut néerlandais Clingendael annonçait en 2006 avoir décompté près de 231 millions de morts dus à la violence de l'homme contre l'homme au cours du 20e siècle contre 600'000 dus aux catastrophes naturelles... (1) Ceci pour dire dans quelles proportions l'homme est responsable du mal qui s'abat dans le monde...

Sans garde-fous – les bien-nommés – les montées de haines et les passions se déchainent : tu es blanc, je suis noir, tu es chrétien, je suis le vrai disciple du prophète. Tu veux l’amour, je t’envoie la haine. Tu ne mérites pas la lumière, je te plonge dans les  ténèbres.

Sous l’emprise de nos instincts, nous prenons la mauvaise route : celle du bruit et de la fureur. Nous crions : « vengeance » et nous périssons nous-mêmes par l’épée (cf. Mt 26, 52). Qui saura hurler : « stop » ? Nous aurons, en nous agitant ainsi, ni assurance, ni réconfort. Asseyons-nous sur une pierre de sagesse et commençons à faire la paix en nous avant de vouloir la faire, à tout prix, chez les autres. « Le Seigneur est roi, les peuples s’agitent », dit le psalmiste (Ps 98). Et nous, ouvrons  nos yeux et tout nos sens : Tournons-nous vers la Source, celle qui, des pierres primitives, ont forgé l’humanité à travers les temps. Cette Source est là comme un murmure dans le silence et attend que nous venions y puiser. De cette Source, a jailli un Fils d’homme, par l’intermédiaire d’une Vierge. Son habit est blanc comme la neige. « Il lui fut donné domination, gloire et royauté » (Dn 7, 14) : écoutons-le. A force de l’écouter, nous le verrons.

Légende : Le tumulte, tableau de la jeune artiste marocaine Ait-tassaout Latifa, huile sur toile 60 x 80

vendredi 21 juillet 2017

Témoignage personnel

Témoignage paru dans le NF du 13-14 mai 2017

Natif de Vollèges, Pascal Tornay, animateur pastoral, vient d’avoir 40 ans. Epoux de Colette, originaire de Rép. dém. du Congo, ils sont, ensemble et chacun pour leur part, engagés dans la vie ecclésiale. Les évêques viennent de nommer Pascal pour un nouveau mandat d’aumônier romand du Mouvement d’action catholique Vie et Foi. Il nous partage ici une tranche de vie… et de foi !

En commençant un apprentissage en 1992, j’étais loin de me douter ce que l’existence me réserverait. A l’époque, je voyais tout en grand. Je voulais devenir au moins pape ou chef d’Etat… Tout cela demandait à être ordonné (rire !) et il fallait bien que je commence quelque part… Ordonné, je le serais probablement, si Mgr Lovey continue de me donner des signaux positifs sur la route du diaconat permanent sur laquelle je suis depuis 2 ans ! 
Entre Eglise et Etat, mon cœur a toujours oscillé… Après une licence en sciences politiques, j’amorçai sans attendre un projet doctoral, puis un autre : rien n’y fit ! Membre fondateur du Parlement des Jeunes du Valais en 1995, ayant travaillé comme collaborateur scientifique puis comme secrétaire politique à Berne, j’avais choisi l’Etat et m’étais fixé comme objectif de réussir les examens d’entrée au Service diplomatique fédéral : rien n’y fit ! 
C’est à cette époque que j’ai commencé à bouillonner intérieurement de sentiments inconnus mêlés d’angoisses et de vertiges… J’ai dû traversé plusieurs années de détresse psychologique et spirituelle profonde sans qu’il me soit donné d’en saisir la portée. Idées noires, égarement total, déchéance affective, chômage : je m’accrochais au Seigneur et l’invoquais sans cesse. Aujourd’hui, je sais que c’est durant ces quatre ans que le Seigneur m’a formé et ordonné – au sens le plus profond du terme. Dès mon enfance, mes parents m’ont fait connaître Dieu et je l’ai aimé. J’ai témoigné de lui depuis mon enfance. Je sais que le faisais très mal, mais le Seigneur regarde les profondeurs et il m’a redressé. C’est donc au sortir de cette épouvantable épreuve que j’ai été ressuscité, pourrais-je dire. 
C’est là que je me suis approché des curés de ma région. Après discernement, j’ai été envoyé en formation. Un jour, alors que je venais de terminer ma formation et que j’œuvrais comme secrétaire de parti dans une situation périlleuse, mon curé m’a dit: « Pascal, Eglise ou Etat, il va falloir que tu fasses un choix ! » J’ai pris conscience que je devais faire un choix… radical (rire !) que c’est la pastorale qui désormais présiderait… Allez savoir pourquoi Dieu m’a fait étudier les sciences po !

Pascal Tornay

vendredi 10 mars 2017

Chaînes de prière ?


Je reçois régulièrement des demandes de participation à des chaînes de prière. Une fois, on m’a demandé de participer à une récolte de « dix millions d’Avé Maria » pour le Pape François. Une autre fois, je reçois un papier qui demande à ce que l’on prie pour la « délivrance des âmes du purgatoire » et, suite à cela que l’on envoie la demande à d’autres, sinon… Le chantage à la malédiction qui suit m’invite à obéir sans délai ! Une autre fois, un ami propose une chaîne de prière pour la guérison des personnes atteintes du cancer… Il me prie de ne pas briser la chaîne ou alors de l’en informer… Que penser ?

Premièrement et fondamentalement, constituer une chaîne de prière ou y prendre part est bien et bon. Cela inscrit le participant encore plus réellement dans un tissu de relations humaines et ancre les cœurs à présence du Seigneur. La chaîne entraîne mystérieusement toutes les personnes qui s’y sont investies dans le sillage de l’Esprit. La prière commune porte alors un fruit qui dépasse d’ailleurs infiniment la demande des priants. Elle porte le monde avec le Christ et déploie partout sa grâce.

Certaines chaînes « menacent » leurs participants potentiels de malédiction : aucune peur ni culpabilité à avoir. Détruisez sans tarder le document et demandez avec foi au Père des grâces particulières pour la conversion des personnes qui font circuler ces demandes et sèment le trouble dans le cœur de ses enfants. Quant à la peur de briser la chaîne, comment le pourrait-on ? Ce n’est pas parce qu’une personne ne veut pas prier, du moins pas ainsi ou a oublié de la faire que la chaîne est brisée. La prière n’est pas une matière cassable ! Elle est éternelle et dépasse infiniment le cadre du temps et de l’espace. Ce qui monte vers le Seigneur, c’est bien plus que des paroles. C’est tout notre « être-dans-le monde » qui est présenté. Quant à obtenir « dix millions d’Avé » pour le pape François, je comprends la demande sur le fond. Par contre, cette « récolte de signatures » pour se faire entendre du Seigneur, cela a plutôt le don de m’agacer… Comme s’il était sourd ! Mais bon… 

Pascal Tornay

Image © http://www.fullgospelchurchdalkeith.com

lundi 9 janvier 2017

Sel de la Terre, lumière du monde


« En voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à Dieu » (Mt 5, 13-16). Cette parole toute simple de Jésus n’est-elle un beau pied de nez à tous ceux qui croient (encore) qu’il suffit d’une simple exhortation pour remplir la mission que donne le Christ à ceux qui l’aiment ? S’adressant à nous dans l’Evangile, Jésus nous confie que c’est en raison de nos actes bons que les gens reconnaîtront les traces de la présence de Dieu le Père. Jésus parle ici d’un véritable apostolat, c’est-à-dire d’un témoignage rendu à Dieu et ancré dans le service du frère. Dans ce passage, Jésus parle d’abord d’une attitude intérieure, car là est la source. Pour bien nous faire saisir la portée de la mission qu’il entend nous confier, Jésus prend deux images : 

1. LE SEL : il s’agit d’être et – sacré défi – de rester SAVOUREUX pour donner envie à d’autre de goûter à la vie de Dieu ! 
2. LA LUMIERE : il s’agit d’être RAYONNANT de la joie du Royaume pour éclairer le monde !

L’objectif est double : 
1. Que les hommes et les femmes de notre temps VOIENT ce que nous faisons de bien, et 
2. pour qu’ils glorifient le Père, c’est-à-dire qu’ils RECONNAISSENT qu’Il est source et sommet de toute vie !

Engageons-nous ! « Votre lumière DOIT BRILLER devant les hommes » (v.16). Il est impératif que nous manifestions concrètement la lumière du Ciel sur la Terre. Il s’agit – ni plus, ni moins – d’une question de vie ou de mort. En ce sens, l’avertissement de Jésus est cinglant : « Si le sel vient à s'affadir, (…) il n'est plus bon à rien qu'à être jeté dehors et foulé aux pieds par les gens » (v.13).

Mettons en valeurs ce que nous faisons de bien… Non pas en vue d’un orgueil déplacé, mais parce que le Seigneur lui-même l’ordonne, comme un témoignage en vue de la glorification du Père pour le Salut de tous !


Pascal Tornay