Aimer - connaître

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Photo de Guy Leroy

vendredi 29 mars 2019

Exit or not brexit, telle est la question…

Le 29 mars, le Royaume-Uni sortira de l’Union européenne. Un séisme ! A l’heure où ces lignes sont imprimées aucun accord de sortie n’a été trouvé et, dans certains domaines, notamment celui de la libre circulation des personnes et des relations commerciales, l’incertitude croît… Exit la Grande-Bretagne ! Une première dans la courte histoire de l’UE. Au-delà des symptômes, qu’y voir plus profond dans cette rupture ?

Ce n’est pas un secret, les « pères de l’Europe », au sortir des deux conflits mondiaux dévastateurs, ont tenté de bâtir une nouvelle communauté (CECA, CEE) sur des soubassements teintés par les valeurs chrétiennes. Il en reste de nombreuses traces dans le droit européen, notamment celle de la solidarité entre les Etats. Certains voient aussi un indice chrétien sur le drapeau de l’UE avec ses 12 étoiles qui prétend symboliser justement la solidarité et l’union entre les peuples d’Europe. Ces étoiles rappellent – à qui veut bien – la « médaille miraculeuse » de la Vierge Marie, qui la représente avec une couronne de 12 étoiles qu'évoque l'Apocalypse de saint Jean.

La GB rejoint donc la CEE en 1973, devenant le 9e Etat de la proto-union. A l’aube de la 43e année d’union, voici que les britanniques votent pour en sortir… De leur côté, les médias parlent volontiers de divorce… Le terme est lâché ! Comment va-t-on comparer l’union conjugale à l’Union européenne ? A l’instar des individus, après la joie des premiers émois, tenir dans la durée à travers vents et marée est un défi de taille pour une union politique. Souvenons-nous des premiers siècles d’histoire de Dame Helvétia… Tenir un dialogue ouvert et franc, favoriser les compromis, jouer habilement dans les négociations, affiner les équilibres, poser des règles claires, tenir compte des différences… On se croirait en couple !

Par ailleurs, tant au plan politique qu’au plan individuel, si la volonté de s’unir repose sur le seul fait d’y trouver et d’y défendre un intérêt personnel ou particulier, force est de constater que la base d’unité est trop mince et que tôt ou tard, la situation devant inéluctablement se gâter, l’union sera fragilisée… On veut vivre l’unité, mais pas à tout prix ! On redécouvre que l’unité n’est pas ce dont on avait rêvé ! Qu’elle nous coûte cher, trop cher… On se sent prisonnier, alors on se sépare pour préserver ses intérêts… Chacun fait son calcul ! On le sait pourtant, le mariage comme l’union des peuples n’a aucun avenir s’il se jauge à l’aune de simples pesées d’intérêts. Sans utopie, sans rêve, sans désir qui nous dépassent et qui nous font nous dépasser, nous retrécissons et devenons mesquins, peureux et agressifs.

En ces temps de crispation et de repli identitaire, nous avons besoin de pionniers fous comme l’étaient les « pères de l’Europe », d’aventuriers en manque, de rêveurs impénitents,… et de croyants lucides, de ce genre de personnages excentrés qui élèvent notre regard au-delà des possibles humains, au-delà des frontières, des « exits » et des « brexits » Le Christ a été l’un d’eux pour les juifs puis pour toutes les nations : il crie encore au cœur de celles et ceux qui croient qu’à Dieu rien n’est impossible… 


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dimanche 10 mars 2019

Il faut y croire pour le voir…


Tiens, d’habitude c’est le contraire… L’aumônier a dû se tromper ! – ça arrive 😉 ! Il faut le voir pour le croire, c’est ça la phrase consacrée… On ajoute encore : – « Je l’ai vu de mes propres yeux… Il était là ! » Et l’interlocuteur de répliquer, comme pour ajouter la dernière couche :  – « Ce n’est pas vrai ! »

En vérité nous avons l’habitude de faire confiance à nos sens qui nous donnent généralement – il faut le dire – de bonnes indications sur les situations qui nous entourent. Perdre un de ses sens nous place dans une situation extrêmement pénible : c’est un sérieux handicap. La vue, en particulier, contrairement aux quatre autres sens, nous donne des indications sur ce qui se passe loin à la ronde autour de nous. Ce que nous percevons est certainement toujours la réalité. Mais l’image que notre cerveau forme pour nous est déjà une interprétation de la réalité… Il n’y aurait donc de réalité objective que pour nos yeux, pas pour notre cœur, notre 6e sens ?

Ancré dans une dimension parallèle, nos sens intérieurs – sont-ils aussi cinq ? – ne sont pas orientés vers le même environnement et captent des signaux différents, venus d’univers méconnus, du dedans… Pour beaucoup, ces sens intérieurs sont largement mystérieux, plus complexes à employer, à maîtriser ; encore faut-il préalablement avoir découvert leur potentiel et s’être mis à leur écoute…

Dans un monde matérialiste, nul doute que c’est sur la base des deux yeux fixés sur la figure humaine que le diagnostic va tomber : « Il faut le voir pour le croire ! » Domination des sensations extérieures qui sont tout autant de diktats si elles ne sont pas balancées par des « vues » alternatives…
Le scientifique qui construit son hypothèse et va à tâtons à travers vents et marées à la recherche de la vérité ; le philosophe qui avance à pas feutrés sur un terrain difficile à la recherche d’une vision plus juste du réel ; le croyant qui, malgré les apparences et les signaux d’alarme, poursuit sa route dans la confiance le savent tout trois : croire donne aussi de voir ! Donner crédit aussi à nos sens intérieurs, c’est comme marcher sur nos deux jambes ! Encore faut-il avoir une conscience éclairée pour avancer.

Le christianisme ne fait pas fi de la raison humaine, mais il invite à dépasser nos perceptions primaires… Marie-Madeleine voit Jésus vivant, mais elle est aveuglée et ne le reconnaîtra que lorsque Jésus prononcera son nom ! (Jn 20, 16). De son côté, Thomas, lui, a besoin de voir pour croire. Jésus dira à ses amis : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu ! » (Jn 20, 29).

« Y croire », c’est éduquer et exercer nos sens intérieurs au sens et à la réalité profondes de l’existence et leur donner pouvoir de nous conduire vers plus loin, vers plus beau, à travers les Golgothas de nos Vendredi Saint, jusqu’à la Lumière de Pâques… Alors que verrons-nous ?

Paru dans Journal Vie et Foi, no 188-2019

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