Aimer - connaître

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Photo de Guy Leroy

vendredi 18 septembre 2015

Le sens de l'autre


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« Je piétine, donc j’existe. »  Qu’il est difficile d’adopter un regard résolument positif lorsqu'un préjugé négatif ou une peur me hante ! Sur les réseaux sociaux, et notamment ces temps-ci dans les commentaires et réactions des militants des partis politiques, certains exercent l’art du commentaire à la manière des primates : onomatopées, cris, insultes crasses. Une posture relationnelle sans aucun recul, sans aucune retenue – sans humour même – qui inspire le dégoût.

Socialement correct… J’ai constaté la montée de cette fièvre notamment à la suite des articles de personnalités en vue publiés dans la presse sur des thèmes dits « chauds » (p. ex. : Lex Weber, homosexualité, modalités électorales, bioéthique, etc.). Il semble qu’il y ait des points de vue inacceptables : ils ont paradoxalement été mis en lumière d’une manière toute spéciale par les tenants d’une liberté d’expression absolue – tout autant qu’illusoire. Il y a ainsi des courants de pensée que personne ne peut mettre en question sans être sanctionné socialement. Il en a toujours été ainsi ! Je crois pourtant que l’Occident – pour ne parler que de nous – est en progrès dans ce domaine…

Caprice d’enfant-roi. Je ne suis pas d’accord ; la perspective de l’autre me révolte : c’est ainsi que pleuvent insultes et ricanements. Si la liberté d’expression nous mène à réagir à la posture de l’autre comme des gamins capricieux, je n’en veux pas. Peut-on dire n’importe quoi, sur n’importe qui, n’importe quand, n’importe comment ? Oui, répondent les libertaires, mais, ajoutent-ils en catimini, pas sur moi et les miens ! En réalité, la liberté d’expression a toujours et partout été limitée. Chacun fait l’expérience au quotidien. Elevé avec « le sens de l’autre », l’enfant restreint de lui-même la portée et la teneur de ses propos. Qu’il s’oublie, il verra vite les conséquences…

Mes idées et moi. En politique, en Eglise, peut-on être des adversaires sans devenir des ennemis ? Défi constant… Surtout lorsqu’on est touché au cœur par les propos de l’autre, par une vision apparemment affrontée à la nôtre. Ne suis-je pas plus grand que mes idées ? Est-ce que je me réduis à telle ou telle vision ? Voilà des questions qui obligent au recul.

Humble ? Parvenir à porter toujours un respect fondamental pour mon adversaire, pour mon contradicteur : voilà un point crucial de déontologie pour qui envisage de devenir responsable politique, « pêcheur d’hommes » (Evangile selon Matthieu 4, 19) ou tout simplement humain d’ailleurs. Ne pas céder aux visées totalitaires ; connaître la partialité de ma perspective : quelle humilité !  Si l’homme de la rue ne sait pas dompter sa langue, j’attends des personnes engagées pour le service de l’Homme qu’elles en aient au moins le sens.