Aimer - connaître

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Photo de Guy Leroy

lundi 22 décembre 2008

A vin nouveau, outres neuves ! (Mc 2, 22)

N’est-il pas vrai que notre coeur est plus à l’affût du moindre manque, de la moindre frustration et que ce biais l’empêche bien souvent de remarquer ce que justement ce manque est en train de faire naître ? On nous bassine avec le manque croissant de prêtres et l’on se crispe en ne voyant les défis à relever qu’à partir de ce fait. Je propose de changer de perspective… en compagnie de Mgr Albert Rouet, évêque de Poitiers.

Un prêtre au service d’une communauté est une très grande richesse. Il est le principe d’unité et de communion de la vie paroissiale, le signe incarné de la présence du Christ et de son Esprit au cœur de notre monde. Sans prêtre, pas de fête de l’Eucharistie… de la friture sur la ligne directe entre Ciel et Terre. C’est vrai. Mais allons plus loin. J’entends beaucoup de gens parler. Je les entend se reposer entièrement sur ces hommes “à notre service”… Ils semblent dire que le prêtre est une figure tellement centrale qu’en des temps où il y en aurait moins, toute la vie communautaire et notre foi en Jésus-Christ pourrait s’écrouler. Ce pessimisme ambiant, cette résignation, ce manque de créativité - ce manque de foi en somme - montre que nos communautés, sous pression, sont en train de vivre une “Passion”. Il faudra passer la mort. Il nous faudra espérer, et surtout s’engager. Car bien des communautés, aujourd’hui, sont esclaves de la figure du prêtre. C’est un terrible esclavage.

mercredi 17 décembre 2008

Ecrire c'est...

Visitez le monde de Susie !
Un vol au-dessus du monde. Pour moi, lorsque le feu de l'inspiration me prend, l'écriture est comme une puissante secousse sismique, une irrémédiable vibration charnelle, intellectuelle et spirituelle. Elle me prend en entier.

C’est une sorte d’appel à l’immortalité d’un mot, d’un ressenti qui, couché sur le papier engendre un autre sentiment de pouvoir, de transcendance du monde qui passe. L’écriture me permet de communier avec un monde enfoui – un autre monde – celui auquel, paradoxalement, les mots n’accèdent pas. Les mots seuls sont incapables d’appréhender, de qualifier, d’aborder même cet univers qui a besoin de l’homme pour le faire vivre.

L’inspiration est la fausse source de l’écrivain, la vraie en est le talent, le travail acharné, la sensibilité, la profondeur et l’enracinement de son être en Celui qui est la Vie, Dieu lui-même. J’ai le sentiment que plus l’écriture d’un texte est contraint par différentes règles formelles, plus il a été travaillé et plus il va en sortir allégé de toutes sortes de scories, plus il va s’en trouver alourdi de ce qui fait qu’il vit.

Ce sentiment est probablement faux, car ce qui fait vivre un texte n’est pas dans le texte lui-même. Cette vie ne peut pas se trouver ailleurs que dans un être vivant capable de le faire résonner avec sa proprehistoire… Impossible de dire qui du texte ou de l’être est à la source de la beauté de l’écriture, de sa force. Ils sont vie ensemble.

Saint Martin partageant son manteau.
(Bibliothèque nationale de France, ROTH 2529)
fol. 403 Bréviaire de Martin d'Aragon
Espagne, Catalogne, fin du XIVe s.
(60 x 60 mm)
Pascal Tornay

lundi 15 décembre 2008

Le chant et la liturgie.

De tous temps, la musique et le chant ont été des porte-voix vers le sacré. C'est d'ailleurs dans l'objectif du sacré, de Dieu - des dieux - que l'on faisait de la musique et que l'on chantait. Le jeune David ne ravissait-il pas le roi Saül au son de sa harpe ? Ne parvenait-il pas à dissiper ses soucis ! Des milliers d'années ont passé et l'Eglise est héritière d'une tradition de musique sacrée extraordinaire. D'œuvres monumentales aux modestes pièces, les chants des chorales et des groupes d'animation de la région embaument nos célébrations liturgiques. La musique accompagne la prière des croyants et les conduit au Seigneur notre Dieu, par leur beauté, par leur cohérence avec Sa Parole. Ils sont un onguent provenant du fond de l'âme des êtres humains. Ils sont un cri touchant, un hymne à l'amour de notre Dieu. Ils Le séduisent, comme Il nous a séduit par sa Parole et son Amour. Cherchons toujours mieux à mettre la musique et les chants à l'honneur dans nos célébrations ! Une place juste, un hymne vrai, des cœurs unis, d'une même voix dans un seul Esprit, celui du Christ.

Pascal Tornay

lundi 8 décembre 2008

La violence nous déshumanise.

La violence nous déshumanise
Sous de multiples formes, la violence règne autour de nous. Elle se déploie insidieusement dans les médias ; elle est la composante subtile de beaucoup de nos comportements les plus banals. En ce sens, nous sommes tous violents à un moment ou à un autre.

Le mot violence est apparenté au viol qui comprend trois acceptions : 1) transgresser la loi juridique ; 2) abuser sexuellement de quelqu'un ; 3) profaner ce qui vient du sacré.

Méfions-nous des explications trop simplistes et réductrices au sujet des causes de la violence, parce que cela la banalise et la rend naturelle en la ramenant à un phénomène social, psychologique ou existentiel qui ôterait toute responsabilité à la personne qui en serait l'auteur. L'on débouche alors sur des solutions techniques ou globales, sans apercevoir que la violence a des causes morales et personnelles redoutablement profondes. Face à la violence, nous avons moins besoin d'une science que d'une morale, car la violence ne provient pas d'une erreur mentale d'appréciation, mais d'une déficience d’amour, d’une conscience morale blessée.

En effet, une personne avec un comportement violent se violente avant tout elle-même. Elle s'éloigne des éléments qui fondent son humanité, ce pour quoi elle est faite (le bien, le bon, le vrai, le juste). Son comportement n'est plus conforme à sa nature d'être humain. C'est pourquoi le philosophe dira que la violence nous dénature, nous déshumanise. Mais alors d'où vient cette conscience morale qui permet à l'Homme de rester en phase avec sa nature d'homme-fait-pour-le-bien ?

La perspective chrétienne met la créature - merveille de Dieu - en face de son Créateur (au sens de Celui qui est Vie en lui). Ce dernier a gravé dans le cœur de sa créature une loi d'amour immuable pour le guider. Nous sommes donc conçu par et pour l'amour. C'est donc au cœur de nos entrailles que sont inscrits nos désirs, nos besoins fondamentaux et notre dignité. Oh! Comme le monde nous pousse fort à rechercher à l'extérieur de nous notre bonheur! Pourtant jamais aucun objet extérieur, fut-il du dernier cri, n'a jamais relevé un jeune de la dépression ou de la drogue..., ni donné un sens à une existence !

Si faible est cette Voix intérieure – celle de notre conscience morale (de notre cœur ou de notre centre) – qui nous invite, – que dis-je – nous supplie à visiter ce recoin de nous-mêmes. Cette conscience – cette sagesse – qui vient de Dieu, doit être travaillée, développée comme une plante qui demande des soins réguliers. Du silence..., silence qui n'est pas simplement une absence de bruit. Ecoutons-nous pour L’écouter Lui. Certes,cela demande un effort mais nous ne sommes pas seuls sur ce chemin.

L'homme naît en ne sachant rien de tout cela. Il a besoin impérieux que sa conscience morale soit éveillée à des valeurs, à elle-même, à d’autres que soi-même pour qu'il puisse se construire en phase avec le monde en vue duquel il est été conçu. Cela revient à dire qu'il faut que nous soyons éduqués spirituellement, c'est à dire des gens bien élevés... vers Dieu.
Janvier 2006




jeudi 4 décembre 2008

L’Avent sous le signe de la Miséricorde… L’après sous celui de la Joie !

Rembrandt, Le fils prodigue (1669)
Qu’il est bon de savoir que Dieu ne nous traite pas selon nos offenses ! Qu’il est rassurant de savoir qu’il guette sur la colline notre retour au bercail ! Mais qu’il est difficile d’ouvrir son cœur à Dieu pour le laisser panser nos blessures ! Qu’il est peu naturel de se livrer à l’aveu de ses fautes à un prêtre ! Qu’il est ardu d’abandonner sa culpabilité pour recevoir du cœur de Dieu un « je ne t’en veux pas, recommençons ensemble. »

Oui, qu’il est difficile à vivre ce sacrement du Pardon, ce signe visible du redémarrage d’une relation vivante au Christ ! Encore faut-il vouloir entrer dans une démarche avant tout personnelle… intime.

C’est un véritable chemin de re-conciliation que nous vous proposons de redécouvrir durant ce temps de l’Avent 2008 ! Rien moins que de vivre l’attente et la préparation à Noël en faisant les à-fonds du cœur et de l’esprit !

Confesser la miséricorde de Dieu avant son péché, c'est être certain que Lui nous accueille lorsque nous souhaitons revenir à Lui. Confesser d'abord qu'Il est l'Amour c'est pouvoir chasser en nous-même toute crainte de représailles... Confesser que Dieu est "tendresse et pitié, lent à la colère et plein d'amour" (Ps), c'est reconnaître qu'il est compatissant et au-dessus de nos rancunes. Aimant infiniment, et ne jugeant pas, le regarde du Christ transforme le coeur de ceux et celles qu'il croise sur sa route. A personne, ni à Zachée, ni à la femme adultère, ni à Marie-Madeleine, il ne reproche quoi que ce soit. Son regard divin et tendre, fait que naît de l'intérieur de son interlocuteur le désir d'être pardonné et de pardonner à son tour. Miracle de l'amour du Seigneur.

J'espère que l’étoile de l’immense bonté de notre Dieu pour chacun de nous puisse nous conduire à la crèche. Pardonner et être pardonné, n’est-ce pas un peu naître à nouveau ? Et la naissance n’est-elle pas une source de grande Joie ?

Le moment est propice: Jetons-nous dans ses bras !

Pascal Tornay

mardi 2 décembre 2008

Bénévolat : ces anonymes au service et à l'écoute des autres...


En décembre 1984, Kay Carpenter, une psychologue américaine, présentait, dans ses cours aux professionnels et aux bénévoles, ce "Portrait du bénévole et de la personne accompagnante". Un portrait dont nombre d'associations de bénévoles soucieuses de la qualité des services de leurs membres se sont inspirées. Un beau programme !


Pour la personne accompagnante,
"Accompagner" c’est surtout "Etre avec".



Elle accepte l’autre tel qu’il est.
Elle le valorise.
Elle le respecte, l’informe des choix possibles pour lui.
Elle tient compte de ce que l’autre veut.
Elle le regarde, lui parle, l’appelle par son nom.
Elle lui tient la main s’il le désire.
Elle sait écouter et écouter encore.
Elle ne porte pas de jugement de valeur.
Elle a reçu une formation et appartient à une équipe.
Elle sait supporter la douleur des autres.
Elle est tenue au secret de fonction.
Elle est responsable, disponible, pratique, souple et désire apprendre.
Elle sait dire non, mettre des limites.
Elle n’est pas rigide, ni évangélisatrice, ni angoissée par la mort.
Elle sait aider sans "materner", ni "sauver".
Elle a du soutien au sein de l’équipe et dans sa vie privée.
Elle a le sens de l’humour, et prend soin d’elle-même.


La Sève
Créée en 1992 à Vollèges, l'association « La Sève » (Association vollégearde pour l'Intégration et l'Entraide) assure différents services pour les personnes habitant le territoire communal. Composée actuellement de 45 membres domiciliés dans tous les villages, l'association a pour but de contribuer à la qualité de vie des personnes âgées, malades, handicapées ou en difficulté, par des actions ponctuelles et bénévoles et de susciter, au sein de notre communauté, un esprit de solidarité et de service. Depuis 1994, l'association vollégearde est membre de "Bénévoles Valais".

Ses services
Aujourd'hui, les services offerts se concentrent autour de trois pôles principaux. Le transport de personnes (consultations chez les médecins et/ou les hôpitaux ou encore pour d'autres besoins) occupe une place importante puisque plus de 5'000 km sont parcourus chaque année! Les visites des personnes qui séjournent dans les homes et hôpitaux constituent ensuite une bonne partie du travail des bénévoles. Enfin, le troisième pôle d'activité est la distribution de repas à domicile. En 2004, par exemple, 1016 repas ont été distribués. Enfin, les membres de "La Sève" interviennent aussi pour d'autres demandes d'assistances ponctuelles.

A l'occasion des Assemblées annuelles, un thème sur le bénévolat est présenté. En 2003 et 2004, c'est un projet de micro-crédit pour les femmes au Mali emmené par le groupe Idées'elles qui a retenu l'attention
de "La Sève". En 2005, ce fut le tour du projet SUJEEVA de Sonia Burri, citoyenne vollégearde, active au Sri-Lanka.

Interview avec les responsables de la Sève


Le bénévolat a-t-il le vent en poupe à Vollèges ?
"Il ne faut jamais oublier qu'il y a dans la vie locale d'innombrables coups de main qui sont tendus hors de toute structure, "La Sève" ne fait qu'organiser cette solidarité" déclare le président de l'association. "Il faut que les gens sachent que nos membres sont à disposition de toutes et tous. Certaines personnes n'osent pas demander... Qu'elles n'aient pas peur de nous solliciter en cas de besoin ! Nous sommes à l'écoute de leurs souhaits."

Les valeurs chrétiennes sont-elles à la base de l'association et votre motivation ?
"La Sève" est une association caritative laïque. Elle est au service d'autrui sans distinction de cultures ou de religions. Pourtant, je pense que la plupart de nos membres ont présentes en leur cœur d'authentiques valeurs chrétiennes", répond le caissier.

Quelles sont vos expériences au quotidien ?

"Les personnes âgées ou seules ont besoin de parler de leurs peines, de leur vie quotidienne et se réjouissent de nos visites. Alors lorsque nous le pouvons, nous prenons le temps de bavarder un peu, de les écouter, de partager un verre. Il faut savoir écouter et écouter encore la personne visitée. Il faut savoir aussi partager un peu de temps avec elle pour lui faire plaisir".

Pascal Tornay