Aimer - connaître

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Photo de Guy Leroy

dimanche 27 novembre 2011

Les pouvoirs de l’Homme


Un jour en cours d’Enseignement religieux scolaire (ERS) à l’école primaire, parlant de la puissance de Dieu, un élève s’exclama : « Dieu est un salaud. Il n’a pas voulu partager ses pouvoirs avec nous. Il n’a tout donné qu’à Jésus ! » J’ai trouvé cette exclamation très enfantine au premier abord. Elle est très pertinente en réalité, car son interpellation m’a obligé à réfléchir là-dessus. En effet, il y a du vrai dans sa perspective.

Du point de vue de l’enfant, Dieu n’a partagé sa toute-puissance qu’à Jésus Christ, son Fils. En ce sens, il n’avait pas tort. Il faut pourtant affiner et élargir cette vision pour plus de justesse…

dimanche 6 novembre 2011

Laisse ta place !

Qui veut essayer le nouveau
siège éjectable" ?

En dehors de toute prétention politologique, je pose l’hypothèse suivante : Le fait qu’un politique ne parvienne pas à laisser sa place à d’autres personnes est une preuve formelle que sa manière d’aborder le travail politique est (était) mauvaise. N’ayant pas (eu) cette humilité fondamentale en face de l’immensité de la tâche publique, il est fort à craindre qu’il l’aie mal faite ou qu’il s’apprête à en être profondément indigne ! S’accrocher à son fauteuil d’élu, quel orgueil ! Muhammar Kadhafi ? Laurent Gbagbo ? Abdoulaye Wade ? Mais est-ce là un problème africain ? Certes non.

Un exemple : « A 86 ans pourquoi WADE s’accroche t-il autant au pouvoir ? » 

"Mais pourquoi donc le Chef de l’Etat s’accroche-il autant à son fauteuil ? Cette question aurait pu paraître saugrenue si elle était suffisamment assumée au Sénégal où la politique est devenue, malheureusement, la seule échelle d’ascension sociale. Au lieu d’être la voie royale pour se mettre au service de son peuple, servir l’intérêt général, le Parti Démocratique Sénégalais (PDS) s’apparente plutôt à se servir du peuple pour des intérêts personnels et égoïstes. Dans ces conditions, il est tout à fait logique et légitime de suspecter la bonne foi du camp présidentiel qui ne veut pas céder la place, surtout que la loi fondamentale de notre pays le lui exige. Pire, il en trouve même qui ne veulent pas organiser des élections propres. Le président aurait dû attribuer le poste de ministère chargé des élections à un militaire neutre ou lorsqu’il consente à le faire, sous la pression des bailleurs de fonds occidentaux, il semble y aller seul et dans des conditions catastrophiques.

Au Togo et au Burkina, l’ambiance qui a précédé les dernières élections qui se sont déroulées dans ces pays n’est-elle pas la preuve d’un « triomphe sans gloire » qui finit par ronger l’intérêt même des consultations électorales ? A quoi sert d’organiser des élections si on connaît, à l’avance, celui qui va les remporter ?

Onze années après le lancement au forceps du processus de l’alternance démocratiques dans notre  pays, on n’est pas sorti de l’auberge. A chaque fois que la période électorale s’approche, tout se passe comme si le train de l’Etat abordait un virage dangereux. Lorsque le président sortant use de tous les subterfuges pour demeurer l’éternel maître à bord, il faut craindre nécessairement le pire. Pendant ce temps, le désenchantement politique est garanti."

Qu’en pensez-vous ? Et nos indéboulonables ? Cela vaut dans les sphères de l’Etat ou de l'économie comme pour une société culturelle ou une fête de famille… Vous êtes accro ? Alors c’est fini : vous vous servez… Vous ne servez plus !

Pascal Tornay

samedi 5 novembre 2011

Laissez-(Le)-faire !

La prière, c'est-à-dire la relation avec Dieu, est paradoxale. Ce n’est pas d’abord une action, c’est un état d’être ou de conscience dont je dois prendre soin et que je laisse progressivement m’envahir. Il s’agit là avant tout d’un acte de foi et de volonté à très grand potentiel. Il se joue ici rien moins que notre naissance. Naissance chaque jour à qui je suis. La prière n’est donc pas en premier lieu un état de parole mais un état de disponibilité à moi-même et, plus loin à un autre-(que)-moi. Un état de d’éveil dans la somnolence ! C’est en fait l’être extérieur qui semble somnoler… mais l’intérieur est en éveil, en veille, à l’affût. Je ne me suis jamais senti autant en vie que dans cet état de prière. Comme Georges Haldas aimait à dire qu’il vivait en état de poésie, le croyant, lui, vit en état de prière. Lorsque S. Paul exhorte les croyants à prier sans cesse, il ne demande évidemment pas de parler à Dieu sans cesse, mais de placer notre être en état de relation permanente avec le Seigneur.

Prenez les amoureux, ils n’ont pas besoin de parole pour rester en relation. Il leur suffit d’être là ! (des heures et des heures, inlassablement). Leur relation n’est pas d’abord faite de paroles, mais de présence ! Prier, c’est aimer être en présence de la Présence. L’état de prière, c’est d’abord un laisser-faire. Une descente en moi-même où je vais pouvoir me découvrir, prendre conscience de mes monologues quotidiens, des couches plus enfouies de ma personne. C’est moi qui descend, mais un autre-(que)-moi va surgir que je connais peut-être moins bien. C’est moi, mais une autre facette de moi. Ici, faisons d’abord halte, un moment, un bon moment. Aller plus loin ? Peut-être pas tout de suite. Comme un palier de décompression, mais en descendant… Qu’y a-t-il plus loin ou, mieux dit encore, qui y a-t-il plus loin ? Moi, encore moi, certes. Mais quelqu’un d’autre frappe…

Il y aurait donc quelqu’un en moi ? Vais-je ouvrir la grande muraille de ma ville intérieure ? Cela ne nécessite finalement aucune condition particulière, si ce n’est le temps. Il faut du temps, de la patience, le temps d’y venir, d’y revenir... L’état de prière s’acquiert lentement. C’est la persévérance qui permettra d’aller assez bas en nous pour parvenir à ce lieu secret où est niché mon être profond : mon centre diraient d’autres. C’est là que Dieu me rejoindra. C’est là, le lieu du rendez-vous. Un lieu sacré et inviolable que si peu de gens visite. Ont-ils peur d’y aller ?

Oui, beaucoup se méfient de la prière et du silence – ils ont raison – car ils sentent bien sa capacité d’engendrement et de transformation. Alors même qu’ils pensent se posséder eux-mêmes et maîtriser leur vie, beaucoup seraient surpris de voir, dans le silence de la prière, combien ils sont extérieurs à eux-mêmes, éclatés, désunis et combien ils subissent la plupart des événements de leur existence. C’est ainsi que la prière peut être perçue comme étant dangereuse. Affirmons-le : le lien régulier avec Dieu dans l’état de prière est subversif, comme l’est toute relation humaine en fin de compte. N’est-il pas vrai que deux amis qui se côtoient régulièrement deviennent un peu semblables ? Ne devenons-nous pas un peu comme ceux que nous fréquentons ? Il en va de même avec Dieu. Si vous osez le côtoyer pour le mieux connaître, vous verrez combien nous lui ressemblons déjà. Sa lumière et sa vérité font toute chose nouvelle. Elles purifient, réajustent, recréent ce qui était mort. Même si rien de sensible ne s’est passé, si vous vous confiez à lui. Il saura prendre grand soin de vous, puisqu’il est l’Amour.
Pascal Tornay