Aimer - connaître

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Photo de Guy Leroy

dimanche 3 mai 2015

De la dignité des politiques


Je me sens proches de certains personnages politiques, de leurs valeurs, de leur manière de travailler, de leur manière de parler. D’autres m’agacent, le simple ton de leur voix m’indispose, leurs valeurs et la manière de les défendre m’insupporte… Lorsque les premiers sont touchés par des difficultés, diffamés à tous vents, traités à tort et à travers, hors de tout contexte judiciaire convenu, je me sens l’âme attristée. J’aurais maintes fois voulu faire cesser les commentaires gratuits, hargneux et désinvoltes.

Pourquoi m’en suis-je gardé…

Pour cette raison : parce que mon regard est tordu par mon attachement subjectif à une personne. En effet, pourquoi tant d’empressements à prendre la plume pour tel et non pas pour tel autre acculé par l’opinion populaire ? Là, ma défense aurait été insuffisamment fondée si elle l’avait été sur mon sentiment sympathie par rapport à telle personne ou à ses valeurs.
NON, ma défense inconditionnelle doit parvenir de plus bien plus « bas ». De sa propre dignité d’être humain en charge d’êtres humains, de la dignité de la tâche qu’elle a accepté d’endosser et d’un principe juridique dont il faut toujours en en tous lieux rappeler l’existence : la présomption d’innocence.

OUI, j’ai voulu défendre des gens desquels je me sentais proches et je ne l’ai pas fait, parce que l’Injustice criait en moi :
« Toute femme et tout homme engagé en politique doit être défendu, malgré tout, en dépit de tout et pas seulement tes amis. Ces personnes ont droit à ton immense respect et à ton regard bienveillant en raison de la dignité de la charge qu’elles exercent. A priori, leur seule bonne volonté fait foi. Et, comme tu appliques toute loi d’abord à toi-même, tu ne peux pas t’ériger, de l’extérieur, en juge de cette bonne volonté qui n’exclut ni les erreurs, ni les égarements qui sont les signes de toute humanité. C’est tout. Qu’il en soit ainsi. »

Pascal Tornay

Source image : (c) cahierslibres.fr

jeudi 23 avril 2015

Paroisses - communes : quiproquo !

Pour répondre systématiquement à cette question, il faut aller pas à pas … Le secteur paroissial de Bagnes compte trois paroisses : Bagnes, Verbier et Vollèges (et non pas deux – Bagnes-Vollèges – comme l’on entend souvent). La paroisse n’est pas la commune : ce sont des institutions distinctes en tous points avec leurs structures, responsables et ingénieries propres. Chaque paroisse est juridiquement autonome. Au début des années 1990, le cardinal Henri Schwery entamait des démarches pour que les responsables pastoraux d'une même région travaillent de concert. L’évêque leur demanda de porter ensemble le souci pastoral pour rendre les communautés paroissiales moins closes sur elles-mêmes et ainsi avoir une vision plus large. Cette concertation inter-paroissiale a donné lieu à la création de secteurs à la tête desquels répondent en général des équipes pastorales composées des personnes - prêtres, diacres et laïcs - engagées et mandatées par l’évêque.

En raison d’une grande proximité Eglise-Etat au cours des siècles passés et des bonnes relations qui régissait - et régissent encore le plus souvent - les rapports des tenants des pouvoirs ecclésiastique et civil, il était fréquemment convenu, autrefois, que le patrimoine, la gestion et l’administration des paroisses serait confiées aux communes pour simplifier la tâche des curés. A l’heure actuelle, on constate un peu partout la tendance inverse : l’ère du désenchevêtrement a sonné. Sur le papier, les choses sont claires, mais en réalité le flou règne encore par endroit. Des processus d’aggiornamento sont donc en cours pour clarifier l’identité des paroisses, leur patrimoine propre ainsi que les modalités comptables et administratives qui président aux relations avec les communes. A l’heure, où la société devient plurielle – tous ne partagent pas, et de loin, la foi chrétienne – il est de bon ton de remettre de l’ordre dans les affaires ecclésiastiques, dans l’idée que les bons comptes font les bons amis...

Un exemple : le fait que, souvent, les communes paient les agents pastoraux (AP) – prêtres, diacres et laïcs – marque la confusion dans les esprits. En effet, les AP ne sont pas des employés communaux, malgré le fait que leurs salaires transitent par les communes. En effet, il s’agit là d’une simple - et par ailleurs précieux - service administratif rendu par les communes aux paroisses n’ayant le plus souvent pas les gestionnaires nécessaires à l’accomplissement de ces tâches. Le personnel pastoral est donc sous contrat de travail avec les seules paroisses et sont soumis, pastoralement et administrativement, au curé en place ainsi qu’à l’évêque. 

Ainsi soit-il...

Pascal Tornay

mardi 10 février 2015

Action en Carême - Croire, c'est agir !

S’il y avait un temps privilégié pour agir et démontrer – si cela devait encore l’être –  que croire revient à pratiquer : c’est bien le temps du carême !

Croire, c’est agir a dit saint Jacques dans sa Lettre :
« A quoi cela sert-il, mes frères, que quelqu'un dise : "J'ai la foi", s'il n'a pas les œuvres ? La foi peut-elle le sauver ? Si un frère ou une sœur sont nus, s'ils manquent de leur nourriture quotidienne, et que l'un d'entre vous leur dise : "Allez en paix, chauffez-vous, rassasiez-vous", sans leur donner ce qui est nécessaire à leur corps, à quoi cela sert-il ? Ainsi en est-il de la foi : si elle n'a pas les œuvres, elle est tout à fait morte. » (Jc 2, 14-17).
Notre grand problème
C’est que l’Eglise a eu tendance à réduire l’agir au seul fait d’assister à la messe ou de prier… Alors comment sortir de là, si j’ose dire ! Je crois (sous-entendu : je sais, comme vous, évidemment, mais qu’on se le redise…) qu’il faut lui ajouter une inconnue – encore trop méconnue – la charité fraternelle, c’est à dire l’amour-don-de-soi ! Elle est à exercer à la mesure de l’amour de Dieu pour l’Homme : c’est-à-dire sans mesure ! De quel amour parle-t-on ? Mère Teresa disait : « Si quelqu’un te dis 'je t’aime', mais qu’il ne te le manifeste pas par des gestes concrets, alors son soi-disant amour ne vaut pas un clou. » 
 
« Moins pour nous. Assez pour tous. »  En vivant ce slogan concrètement et en l’incarnant par un soutien aux projets d’Action de Carême et Pain pour le prochain, chacun peut devenir croyant et pratiquant !
Pour beaucoup, il serait donc question de croire en quelque chose, une force supérieure, mais surtout de ne rien faire ? Folie ! Non, je vois plutôt, cachée derrière cette phase, une autre phrase plus cohérente qui est bien dans l’air du temps : Dieu, oui. L’Eglise, non. Un sage répliquait à des personnes qui disaient croire mais ne pas pratiquer : « Vous êtes probablement moins croyant que vous ne pensez, mais certainement plus pratiquant que vous ne le dites ! » Par cette phrase un peu ironique, le sage exprime combien il est facile d’exprimer une foi qui n’engage à rien…

1.    Nous sommes probablement moins croyants que nous ne le pensons…
C’est-à-dire que nous discernons, nous, chrétiens que nous avons la foi, parce que nous répondons à une série de critères comme se rendre à l’église, prier, etc. Tout cela est bon, mais insuffisant. Et les redoutables questions restent posées : Quelle vision ai-je de Dieu ? Comment est-ce que je m’adresse à lui ? Au temps d’épreuve, respectivement de joie, quelle place est-ce que je lui laisse prendre dans ma vie ? Au moment de prendre une décision, quel rôle est-ce que je lui laisse prendre ? Est-ce que je préfère lui dire, comme Samuel : «Parle Seigneur, ton serviteur écoute» ou bien comme le païen : «Ecoute Seigneur, ton serviteur parle».

http://aimeretmourir.unblog.fr
2. …mais certainement plus pratiquant que nous ne le disons ! » Comme tant de chrétiens, les personnes qui se disent croyantes, mais non pratiquantes, réduisent le plus souvent la pratique au fait de se rendre à l’église pour la messe dominicale. Or, pratiquer seulement par le culte revient à tomber dans le piège où se sont mis les pharisiens : c’est-à-dire dans une pratique aveugle, insensée et déconnectée de la vie à mener dans la charité sans condition.
Oui, la foi doit respirer l’action et vice-versa. C’est là qu’est nichée la fécondité spirituelle. La foi vécue, est, en effet, est un acte en soi qui révèle souvent sa plus grande mesure au cœur des épreuves. En effet, rien de plus facile de croire qu’on croit lorsque tout va bien. C’est alors qu’on ne convainc ni soi-même, ni personne !

(P)rions enfin…
Voici une dernière boutade que j’apprécie beaucoup pour signifier l’absurdité de proclamer son appartenance religieuse sans que celle-ci n’ait absolument aucun impact sur personne. On raconte que, lors d'un grand repas au Vatican, une dame installée à côté du pape Jean XXIII bien connu pour sa bonhommie, lui aurait dit :
– Saint Père, vous savez, je suis catholique, mais pas pratiquante.
– Ah, fit le bon pape, c'est comme moi : je suis nudiste mais pas pratiquant…

Bref, vive le Carême qui nous invite à l’action : c’est l’Action de Carême. CQFD

Pascal Tornay

dimanche 28 décembre 2014

Fi !


Source : http://www.williedeutsch.com


Fi aux Noëls rosâtres et doucereux
Noël, c’est un enfant
illégitime aux yeux des forts.
C’est un Fils divin
le sauveur des cœurs humbles.

Fi aux Noëls des pères-noëls glamour
Noël, c’est une famille
donnée en témoignage au monde.
C’est un peuple en route
uni par l’Esprit d’un Père.

Fi aux Noëls sans racine ni horizon
Noël, c’est un voyage
loin des sécurités modernes.
C’est une aventure
au cœur du mystère de la vie.

Fi aux Noëls sur catalogue
Noël, c’est l’accomplissement
d’une promesse divine et éternelle.
C’est l’avènement
du Salut et la Paix au cœur de l’humanité.

Fi aux Noëls des croyances insensées
Noël, c’est la foi de Marie et de Joseph
Noël, c’est le visage du Dieu fragile
Noël, c’est la naissance de l’Homme sauvé.

Pascal Tornay
(c) 2014

vendredi 21 novembre 2014

Philae, je t'aime !


Pour aller chronologiquement, Philae c’est d’abord une île située en Haute-Egypte sur le Nil et submergée dans les années 1970. Jusqu'en 1974, elle contenait les ruines des temples et d'une ville antique égyptienne.

Aujourd’hui, Philae, c’est surtout la coqueluche des astrophysiciens… Philae est le nom d’un atterrisseur de l'Agence spatiale européenne transporté à quelque 510 millions de km de la Terre par la sonde spatiale Rosetta jusqu'à ce qu'il se pose sur la comète dite Tchoury le 12 novembre 2014, plus de dix ans après avoir quitté notre Terre. Il s'agit du premier atterrissage contrôlé sur un tel astre. Ses instruments ont envoyé les premières images jamais obtenues depuis la surface d'une comète et devraient permettre de faire la première analyse in situ de la composition de son noyau.

Appeler un robot Philae – « qui aime » – : a-t-on idée ? Bizarre, oui ! Sauf que pour les astronomes et les physiciens de l’espace cette histoire est une véritable histoire d’amour. D’ailleurs certains d’entre eux ont pleuré de joie à l’occasion de cet événement unique. Emerveillement de l’Homme aux prises avec un univers infini dont la nouveauté est si incroyable, l’agencement si fin et la cohérence si parfaite qu’ils n’ont de cesse d’étonner nos yeux, nos intelligences et nos cœurs !

L’aventure scientifique – tout comme l’aventure spirituelle – est une aventure humaine qui se conjuguent avec le signe + : un Plus pour les scientifiques, une Croix pour les chrétiens ! Cela dépend de la perspective… Aujourd’hui, la communauté des croyants et celle des scientifiques ont compris qu’ils peuvent regarder ensemble par les deux lorgnettes d’une même jumelle tout aussi passionnément les uns que les autres ! N’y voit-on pas plus clair ainsi ? Mais combien de sang de fils d’hommes n’a-t-il pas fallu verser pour y parvenir ?

Parvenu ? Pas encore totalement si l’on en croit encore les purs et durs de chaque bord qui n’ont pas encore aperçu que la vérité ne se laisse pas voir d’un seul tenant.

Côté ecclésial, on a saisit que le message de la Bible n’est pas un ouvrage journalistique ou historique. On a enfin compris que, prise au pied de la lettre dans son ensemble, elle n’est qu’un tissu d’incohérences et que le message profond et vivifiant est à recueillir sans cesse à travers le texte dans un cœur à cœur avec le Dieu d’amour qui cherche l'Homme. On a constaté concrètement qu’ouvrir sa lecture à d’autres perspectives, notamment historico-critique, est source d’une foi plus réaliste, plus libre, plus puissante !

Côté scientifique, on a saisit que la réalité n’est pas seulement la réalité visible et qu’elle ne se limite pas à un agencement – fut-il extraordinaire – de protons, de neutrons et d’électrons. On a constaté que la science ne donnait pas à voir une totalité, mais qu’elle était, elle aussi, un angle de vue sur une réalité complexe et multiforme. On a réalisé avec modestie que l’Homme et la nature ne se limitent pas à un corpus de cellules, mais on convient plus ou moins qu’il doit exister une force supérieure, une main invisible qui ordonne ceci et le rend… vivant !


Source : www.legorafi.fr
Toutes les tentatives de faire d’une perspective une totalité a mené les hommes à devenir des tyrans sanguinaires pour leurs semblables. Notre compréhension des réalités passées, présentes et à venir restera toujours un balbutiement au regard de l’Infini qui s’offre sans cesse à nous. Loin d’être une nouvelle jérémiade, ce que je viens de dire est bien plutôt un cri d’amour et d’émerveillement. Devant un paysage ahurissant de beauté, on ne s’écrie pas : « Bon sang, je n’y comprends rien ! » Mais on se laisse simplement pénétrer par l’instant merveilleux !

Oui, effet, qu’il est bon de se replacer face à cet Infini…
comme devant cet univers infini qui nous donne le vertige,
comme devant la merveille de la vie qui a jaillit un jour on ne sait comment,
comme devant des scientifiques… qui pleurent. Merci Philae !

Je trouve que Philae nous montre à quel point nous sommes petits. Ni les croyants, ni les savants ne peuvent s’enorgueillir de posséder la vérité ! Rien ni personne ne pourra jamais la posséder et c'est une source de joie ! La vérité – merveille pure – se contemple par une myriade de facettes toujours à partager, à réconcilier. Ce que l’on croit posséder, nous échappe toujours ! Oui, Seigneur, ce que Tu as caché aux ecclésiastiques et aux scientifiques, Tu l’as révélé aux tout-petits…

Je t’aime, Philae !

Pascal Tornay

mercredi 1 octobre 2014

Des actes SVP !


Le P. Raniero Cantalamessa, préchant.
N’est-il pas un peu surprenant, alors que je parle, de dire qu’il s’agit plutôt de faire ! Alors que, justement, ce faisant, je ne fais rien… que dire. D’autant plus que l’on entend souvent dans nos groupes d’Eglise qu’il s’agirait d’ « être » plutôt que de « faire ». Être, dire ou faire : telle est la question. En outre, notez bien que, parfois, « ne pas dire » ou « ne pas faire », c’est justement ce qu’il faut faire ! Dans l’Evangile, Jésus ne cesse d’exhorter ses amis à mettre en pratique les exigences de l’amour. De même, dans la parabole de « L’homme qui avait deux fils » (Mt 21, 28-32), Jésus montre que, finalement, c’est l’acte qui compte. Pour autant, n’allons pas trop vite mépriser la parole. Vous savez bien qu’elle revêt une importance cruciale pour la croissance de la vie humaine. Estimer que l’on puisse s’en passer pour n’être qu’action est pure illusion…

En effet, ne faut-il pas pouvoir (et savoir) s’exprimer pour se connaître et se comprendre ? Parler, n’est-ce pas déjà un agir ? « Ah, si mon mari pouvait parler ! », entend-on souvent dans la bouche de femmes dont le mariage s’est agrippé aux années et qui sont découragées par ce mutisme si souvent masculin. Oui vraiment, la parole peut être un acte réellement créatif et régénérant, concrètement libérant et vivifiant si elle vient d’un cœur qui sait écouter et se donner. La Parole vivante du Seigneur Dieu l’est aussi à combien plus forte raison, puisqu’« elle fait aussitôt ce qu’elle dit ». On le voit dès les commencements, Dieu crée par sa Parole. « Dieu dit : ‘Que la lumière soit’ et la lumière fut. » (Gn 1, 3). A l’image de celle de Dieu, nos paroles ne sont donc pas toujours vaines, puisque elles ont le pouvoir de mettre en mouvement, de consoler, d’encourager, de redresser.


Patrice Emery Lumumba, ancien chef de l’Etat congolais, avertissant.
En rester à la parole, là est le piège… Vous qui êtes des mamans, vous savez bien qu’il faut joindre le geste à la parole ! Ne sont-ce pas les termes utilisée pour définit le mot « sacrement » ? A un petit tombé par terre en jouant, il ne faut pas moins un signe qui s’approche d’un sacrement pour le calmer ! Vous lui dites : « Viens dans mes bras mon petit chéri. Oublie tout cela maintenant ! » et dans le même temps, vous l’inondez de caresses et de baisers. Le voilà le sacrement de l’amour ! Le voilà l’acte pur ! La voilà la parole créatrice ! Voici l’avènement du Christ. Le geste incroyable du lavement des pieds prend ainsi de multiples formes à travers les mille situations du quotidien. Non, le Royaume n’est pas loin. Il est tout proche de celles et ceux qui savent d’abord se mettre à l’écoute et prêchent ensuite. Il est tout proche de ceux qui aiment en actes et en vérité, aujourd’hui, petitement, ici et là.
Pascal Tornay