Aimer - connaître

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Photo de Guy Leroy

vendredi 3 avril 2009

Le paradis se mérite-t-il ?

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La promesse de Salut de Jésus Christ est si belle, si folle, si gigantesque qu'un cerveau humain et sa cohorte de neurones ne suffiront jamais à intégrer que ce don est gratuit et que personne ne peut prétendre pouvoir mériter d'être sauvé ! Ah ! Justice humaine quand tu nous tiens entre tes vues étroites !Dans le Credo, l'Eglise affirme que Jésus viendra juger les vivants et les morts ! Avec toute l’Eglise, nous le croyons, il le fera. Mais alors le Christ est-il notre ami, notre frère ou notre juge ?

Au sens le plus vaste du terme, personne n'aime être jugé. Le seul fait de le dire, fait tressaillir nos tripes… Pourtant, nous ne sommes, de manière absolue, ni justes ni droits. De ce fait, nous devons être jugés. C'est-à-dire qu’un tri entre le bien et le mal doit être fait en nous pour que la justice soit finalement rendue.  Cependant, si je perçois le Seigneur Jésus comme un juge extérieur à ma cause alors, oui, il y a de quoi trembler. Je puis me demander : quelle sentence va-t-il rendre sur moi ?


Si j'ai perdu de vue que Jésus Christ, Juge des nations, a, avant de juger le monde, donner sa vie en mourant sur une Croix pour manifester aux hommes son amour et pour leur offrir la Vie de Dieu qui ne finit pas, alors, oui, il y a de quoi trembler. Dans ce cas, je puis donc à juste titre me demander : quelle sentence un Dieu pareil va-t-il rendre sur moi ?

Au contraire, si je garde à l'esprit et que je médite l'œuvre de Dieu en Jésus Christ alors je ne crains plus d'être jugé. Car mon juge est aussi mon sauveur. Il veut pardonner tout ce que je mets, de bonne foi, devant son regard tendre. Sa tendresse sur moi se moque du jugement, selon l’expression de saint Jacques.



« Apprends-moi la patience des choses fragiles. 
Que dans ma faiblesse
Je m’en remette à ta force,
Et dans mes obscurités,
Je recoure à ta clarté,
Père des nuits et des jours. »

Bernard Bonvin O.P, 

Prières au fil des jours, « Me recevoir de Toi » est illustré de dessins signés Vincent Fournier.

Personne ne mérite d'être aimé. Je veux dire que l’Homme n’a pas à être méritant pour se être aimé de son Dieu. Il n’a pas besoin d’accumuler des bons points pour que Dieu l’aime. Aimer est gratuit ou alors ce n’est pas de l’amour. L’Homme doit être aimé en tant qu’il est créature divine et, par le Christ Jésus, Fils du Très-Haut et héritier du Royaume.

Pourtant, personne ne peut forcer quelqu'un d’autre à m'aimer. Et, si quelqu'un aime, il est inutile de lui demander pourquoi. L’amour n’a aucune autre raison que lui-même. Posez la question à des enfants pourquoi ils aiment leur maman. Ils répondent à juste titre et très laconiquement : parce que. Sous entendu, parce que c’est comme cela que c’est bon et bien. Parce qu’il en va ainsi. L'amour offert est un mystère, une merveille à recevoir et à contempler. Il est gratuité et don de soi. Ainsi en va-t-il du Royaume de Dieu et de la Vie éternelle qu'offre Jésus Christ à qui veut bien. 


Il n'y a rien de spécial à faire pour entrer au Paradis. Entendez : la quantité d’actes bons posés au cours d’une vie ne change rien au don de Dieu et à sa gratuité. Je veux dire que même si notre vie eût été pleine à raz bords d’actes de charité authentiques, cela ne nous rendrait pas juste et bon comme Dieu l’est. Rien ne peut nous mettre à hauteur de Dieu pour entrer en Paradis… Si ce n’est d’accepter au creux de ma vie que le Fils, Jésus Christ, nous justifie par sa mort et sa résurrection. Qu’il fasse le nécessaire pour nous, ni plus ni moins.


Vision bien humaine du "paradis".
Le vrai, inimaginable, doit être infiniment
plus beau, plus grand...
Bien évidemment, recevoir les sacrements et être avec sa communauté chrétienne, fréquenter Dieu dans la prière personnelle va servir à me préparer à accepter et à recevoir le Royaume de Dieu et cette Vie éternelle. Cela va servir à hâter le projet de Dieu en moi ; à lui donner encore plus de prise sur  mon être ; à le laisser faire son œuvre de salut en moi. Et avec la souffrance et le mal que subissent les hommes et les femmes de la terre qui demande, action, compassion et témoignage, il n’y a pas à dire, il y a urgence ! Mais n'espérons pas par là augmenter nos mérites. Nous, nous jugeons selon l’extérieur (selon la chair dit saint Paul), mais Dieu sonde plus profondément encore. 

S'il est urgent d'agir, de soulager, de se donner dans la charité et dans le service des frères et sœurs de la terre, il est aussi vrai que, pas un de mes efforts, pas une de mes résolutions, pas une seconde de prière ne peut me faire mériter ce don de Dieu, ou alors ce n’est plus un don. L’amour renvoie dos à dos et le mérite et le calcul. Il nous renvoie dans une dimension plus haute et plus noble encore. Voici donc un des nombreux paradoxes de l'Evangile, il faut travailler à la Vigne du Seigneur sans relâche, et pourtant aucun de nos efforts ne nous mettra à la hauteur d’amour et du don qui nous est fait.


Avec Dieu, tout est gratuit et rien ne se mérite... Je le crois vraiment : c'est parce que l'Amour est le don le plus désarmant, le plus étonnant, le plus fondamentale et le plus simple qu'il nous faut tant de temps pour commencer à l’accueillir.


Pascal Tornay
Avril 2009





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