Aimer - connaître

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Photo de Guy Leroy

vendredi 1 février 2008

Quand la peur guide nos choix...

Le résultat de la votation du 25 septembre prochain au sujet de l'extension de la liberté de circulation des personnes aux dix nouveaux Etats membres de l'UE va être - à nouveau - un signal important sur la santé politique et psychique du peuple suisse. Je m'explique :

Si des urnes sortait un NON, j'y verrais un nouveau regain de peur, de méfiance, de défiance même face aux Etats de l'UE. Ce serait le non de la peur de l'Autre, un regard sur l'autre qui privilégierait le soupçon - Qu'est-ce que ces "autres" pourraient bien venir nous enlever, nous cacher, nous dérober ? Les arguments des adeptes du non vont très clairement dans ce sens - voyez les affiches... On prétend que l'on
perdrait notre indépendance, notre souveraineté, nos emplois...

Il est certain que des protections sont nécessaires pour éviter les déséquilibres, cependant cela ne sert à rien d'être souverain et indépendant seul dans son coin, surtout dans nos sociétés globalisées. Quel Etat de ce bas monde peut affirmer qu'il est totalement indépendant et souverain ? C'est un leurre ! Certes, chaque Etat a une part de souveraineté, mais nous ne sommes totalement souverains qu'ensemble. Que peut-on faire tout seul dans ce monde ? Il s'agirait ici plutôt de savoir comment nous entendons régler notre niveau d'interdépendance. En d'autres termes, à quelle profondeur politique désirons-nous collaborer avec nos partenaires ? J'estime que, justement, les accords bilatéraux permettent à notre gouvernement de positionner, de doser intelligemment le degré d'intensité de notre rapport avec les Etats de l'UE.

Bref, dire non dénoterait, à mon sens, la faiblesse d'un peuple qui ne trouverait comme solution à ses problèmes que le repli sur soi, la méfiance de l'Autre et la glorification de son Moi. C'est une illusion que de croire être plus riche tout seul. Sur le plan individuel, c'est un comportement symptomatique de la dépression... La Suisse riche et belle déprimerait-elle ?

Si un OUI sort des urnes le 25 septembre, je l'interpréterais comme une volonté de construire ensemble, dans le respect des intérêts et de la cohésion de notre pays, des relations saines, durables et solides. En disant OUI, j'estime que nous ne bradons pas notre souveraineté, mais au contraire que nous cherchons des partenaires pour travailler ensemble. Même si l'on ne peut pas comparer absolument les relations qui unissent des Etats et celles qui unissent des personnes, je pense que les Etats, comme les individus, doivent se faire confiance, profiter les uns les autres de leurs atouts, palier leurs difficultés, communiquer plus et mieux entre eux et faire des choix sous-tendus et guidés par l'ouverture et la confiance. Même si parfois, nous perdons quelque avantage.

Je ne veux pas d'une Suisse renfrognée sur ses gloires. Je ne veux pas d'une Suisse exaltée de ce qu'elle est ou a été. Je ne veux pas d'une Suisse avare de ses avantages économiques et financiers.

Je veux une Suisse qui sache être solidaire et partenaire de ses voisins et du monde où elle vit. Je veux une Suisse ouverte et sensible à la misère qui se trouve à sa porte. Je veux une Suisse qui n'a pas peur de
se lancer des défis, qui a confiance en l'être humain et en la construction d'une société pacifique et plus juste.

Que la confiance, le discernement et l'intelligence guide le choix de chacune et de chacun.

Pascal tornay

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