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Photo de Guy Leroy

mardi 26 décembre 2023

Une diaconie dans les rues et sur les parvis...

Une diaconie dans les rues et sur les parvis…

Propos recueillis par Marc Veillon pour le journal "Ensemble" édité par la Paroisse réformée évangélique du Coude du Rhône Martigny-Saxon (03-05-2021)

Pascal Tornay, 44 ans, vit à Vollèges. Nommé en 2017 dans le Secteur pastoral de Martigny comme animateur pastoral, il a été ordonné diacre par l’évêque de Sion, Mgr Jean-Marie Lovey, en juin 2019. Il a récemment pris l’initiative de faire une pastorale de la rue en ville. Il nous en parle…


Pascal, la diaconie : c’est nouveau pour vous ?
C’est effectivement depuis que je suis à Martigny, en côtoyant notamment mes collègues Anne-Laure Gausseron (oblate de la communauté du Gd-St-Bernard) et Jean-François Bobillier (animateur pastoral à la paroisse catholique de Martigny), que je découvre jour après jour le sens et la portée du mot « diaconie », c’est-à-dire le service de l’humain en Jésus Christ à travers les contacts directs que j’ai avec les personnes en situation précaire. Je suis par ailleurs responsable du Service diocésain de la Diaconie. Ce poste « complète » mon rapport à la diaconie à Martigny et me donne de contempler plus largement les enjeux et les défis dans ce domaine de Sierre à Villeneuve, mais aussi dans toute la Suisse romande (plateforme romande des responsables de diaconie).

Parle-nous d’une initiative que vous avez prise il y a quelques temps. Quelle est-elle ?
Il y a quelques mois, j’ai senti l’appel à m’approcher des personnes qui aiment se retrouver presque chaque jour devant l’entrée du supermarché Migros, le week-end à la gare, aux Tourelles ou encore à l’arrêt de bus de la Poste… J’aime beaucoup découvrir de nouvelles personnes, c’est ainsi qu’il ne m’a pas paru très difficile d’entrer en contact avec elles. Partant de la joie de la rencontre, je n’avais d’autres buts que le désir de connaître ces gens et leur histoire. J’ai donc continué à les côtoyer ces six derniers mois avec assez d’intensité. J’ai recueilli des paroles et des témoignages extrêmement touchants. Il ne m’en fallait pas plus pour alerter d’autres personnes sur mon action, et d’abord mon Equipe pastorale…
En réalité, je n’ai pas de projet ! J’ai simplement le souhait de créer des ponts entre nous. Je crois que la trajectoire de vie, souvent cabossée, de ces gens sont une richesse pour l’Eglise. Leurs expériences de vie peuvent être une source pour d’autres. On peut se contenter de les juger et de les enfermer dans les catégories les plus sordides, il n’en reste pas moins que ce sont des frères et des sœurs en humanité avec des expériences de vie extrêmement riches… Pourquoi ne pas les prendre au sérieux ?

Comment voyez-vous la réalisation de ce projet diaconal ?

Disons que… je n’en sais rien ! Ou plutôt, je me refuse à « savoir » tout seul dans mon coin… Assez vite, j’ai contacté le pasteur Pierre Boismorand et Philippe Rothenbühler, responsable de l’Eglise évangélique de Réveil de Martigny pour leur parler de mes démarches. En effet, je pense que cette diaconie ne doit pas être l’apanage d’une Eglise, mais plutôt le lieu d’une mission portée ensemble et celui d’un témoignage commun.
Actuellement, un petit groupe est constitué. Il porte en gestation cette pastorale de la rue. Le seul projet actuellement, c’est continuer d’être présent auprès de ce public et de poursuivre les rencontres dans une très grande ouverture d’esprit et avec une très grande gratuité. Evidemment, sur le plan personnel et en raison de mon mandat ecclésial, je le fais au nom de ma foi en Jésus Christ et au nom de mon amour pour l’humain, mais cette foi n’a pas à être exprimée explicitement. Elle ne se jette pas à la figure d’autrui. Elle se dit par l’acte.
Je suis donc heureux qu’un groupe ait pu se constituer parce qu’il permet de relire les expériences faites au gré des rencontres. Peut-être pourrons-nous prochainement proposer l’ouverture d’un lieu d’accueil. Mais faisons d’abord route, et nous verrons bien…

Le désir d’associer des personnes à la trajectoire de vie sinueuse ou cabossée ou des personnes ancrées dans des traditions religieuses différentes est-il important ?
Oui, parce que les différences sont essentielles. Leur mise en lien permet de rejoindre une diversité de personnes et d’avoir une vision plus large de la réalité de laquelle nous souhaitons nous approcher. Le groupe actuel qui porte cette pastorale de rue est disparate et je pense que c’est nécessaire. Nous sommes tous différents même si nous sommes issus de la même famille. Mais, c’est notre rapport à l’altérité qui est richesse : c’est un point crucial. Par exemple, pour notre première rencontre, les personnes que j’avais « apprivoisées » et mises dans le coup ne sont pas venues. Elles ne se sont probablement pas senties à leur aise dans cet environnement étrange(r) ! Il faudra que nous apprenions de ces expériences… et que nous soyons très délicats et très patients !



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