Aimer - connaître

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Photo de Guy Leroy

mardi 30 octobre 2012

Vollèges - 8 septembre 2012

"Moi et ma maison, nous servirons le Seigneur !" 
(Josué 24, 15)

MERCI A TOUS POUR VOTRE AMITIE ET VOTRE PRESENCE
AUJOURD'HUI ET TOUT AU LONG DE NOTRE ROUTE.
Colette et Pascal

Vollèges (CH) - Bulape (RDC), 8.IX.2012








lundi 29 octobre 2012

La géobiologie vibratoire : science ou illusion fumeuse ?

Nouveau paravent : il faut actuellement qu’une pensée ou une doctrine soit considérée comme scientifique pour avoir le crédit de l’opinion publique sinon elle a de grandes chances d’être jetée aux oubliettes avec le plus méprisant dédain par nos contemporains. Certains ne s’y sont pas trompés ! La pensée et les pratiques esotériques – comme tant d’autres pensées vaporeuses – se sont adroitement glissées dans la modernité sous un aspect scientifique. Ne nous y trompons pas nous non plus ! Affublé du suffixe « -logie » comme pour pouvoir s’asseoir sur un trône qu’elles usurpent en raison de gigantesques lacunes tant théoriques qu’empiriques, ces pseudos-sciences ne sont qu’un amas syncrétique de doctrines et de croyances agencées à la sauce académique. (1) 

vendredi 17 août 2012

Elle est là !


Il y avait d’abord eu un premier départ – fort improbable – en R. D. Congo en juillet 2011. Le séjour avait débuté –mystérieusement – par une forte crise d’angoisse. L’angoisse, c’est la porte étroite. C’est le lieu de l’annonce – si l’on sait en lire les traces – d’une nouvelle gestation. C’est ainsi que je l’ai interprété. Réconforté par la présence tendre de Colette et porté devant le Seigneur à qui j’avais confié ce voyage missionnaire, la porte s’était ouverte sans que je le sache. Mais elle était ouverte.

Il y a eu le retour. Le feu avait pris. Il restait à le reconnaître pour le laisser embras(s)er la réalité qu’il allait encore transformer. Cela a pris un temps. Je pesais maladroitement les conséquences d’un éventuel « oui » à Colette. Elle, confiante, sincère poussait à la reconnaissance de ce qui était déjà né en nous et qui demandait à grandir. D’abord ce fut un « non ». Pas un « non » à l’amour, mais un « non » à la souffrance. Cette réalité de l’attirance qui prenait chair en profondeur demandait à s’exprimer et prenait de plus en plus de place. C’est comme si c'était une demande extérieure à moi-même qui s’imposait à moi. Pressante, Colette poussait au « oui ». Le 2 août, je baissais la garde pour accueillir Colette dans un « oui » clair et décidé dans la nuit la plus totale. Le même jour où nous décidions de commencer notre histoire, nous décidâmes de nous marier. C’est tout.

Quelques jours de vacances en Suisse orientale. Ici à Triesenberg (Liechtenstein)

mercredi 1 août 2012

Trop de théories ...



Nous avons tous un jour ou l’autre entendu le terme « théorie » utilisé sous forme de subtil reproche… D’ailleurs, le terme engendre presque instantanément un flot véhément de moqueries chez ceux qui semblent les subir ! « Théories ! » renvoie le plus souvent aux discours pompeux et incompréhensibles de tel ou tel spécialiste ou, pire, aux propos sans nuances de madame ou monsieur « je-sais-tout » accoudé au bar et assénant à qui veut l’entendre la dernière explication sans faille sur tel ou tel sujet brûlant. Dans ce cas, la théorie peut effectivement être vécue comme une phase pénible d’un processus amical s’approfondissant…

Ainsi, « quand on parle aujourd’hui de « théories », c’est plus ou moins dans le sens d’ « abstractions », de choses très éloignées de la réalité, d’affaires « intellectuelles », etc. Goethe (?) a même écrit : « Grise est toute théorie, mais toujours vert est l’arbre éternel de la vie ». On est ici en présence d’une altération et d’un affaiblissement du sens originel. Pour les Grecs, « theoria » ne voulait pas dire intellectualité abstraite, mais bien plutôt vision réalisatrice, quelque chose de particulièrement actif, l’acte de ce qu’il y a de plus élevé chez l’être humain (…). » (Source >>>

dimanche 10 juin 2012

La musique du vivant


Une mélodie qui vous a fait frémir, ne vous a-t-elle jamais paru être vivante ? C'est ainsi qu'elle nous transporte. Elle nous conduit ailleurs. Là, peut-être, où jamais nous ne serions allés tout seuls. Avec elle, peut-être sommes-nous rassurés ? Peut-être est-elle cet homme solide qui, par un geste viril, a affermi notre confiance. N'est-elle pas cette femme aux formes accomplies qui parvient, par un sourire malicieux, à ouvrir une brèche dans notre habituelle surdité ? 

La musique nous apparaît parfois vraiment comme une personne à qui nous faisons face. Toute une communauté même ! Et, paradoxe, fut-ce à travers un vibrant unisson ! N'avez-vous jamais entendu les masses d'êtres cosmiques et mystérieux qui se mettent en branle en nous alors qu'une voix pure embrasse l'air ou que le hautbois entonne les premières notes dans un silence pesant ? Nous n'aurons jamais fini d'embrasser la musique, car elle ne se laisse pas saisir si facilement. Peut-être aurons-nous la joie d'en goûter quelques frémissements à l'orée d'une rentrée en soi ?
Il ne lui en faut pas plus pour qu'elle se laisser contempler...

La musique est une langue belle 
qui ouvre à l’univers intime
et dénude tendrement ceux et celles
qui lui offrent leur rimes.


La musique est une femme ronde.
Par ses courbes maternelles,
sa mélodie rassure et nous inonde
d’une douce confiance sensuelle.


La musique est un homme droit.
On le suit en le croyant cruel.

Mais ses beaux yeux clairs et béats
lui donnent un air doux et paternel


La musique est une famille unie.
Ses membres ne parviennent à façon

que quand à leur mission, ils ont obéi
ou quand chacun enfin surpasse sa raison.


La musique est comme une prière,
car elle est comme un germe, un ferment
reliant l’insondable mystère
de l’infiniment petit à l’infiniment grand.


La musique, ce sont des retrouvailles.
Rendez-vous subtil de nos élans cachés,
entrailles divines déployant la merveille
sans cesse nouvelle-née





Enfin, la musique la plus belle
est celle qu’en moi mon âme exhorte
quand je vibre au diapason éternel
de la beauté que je porte.


Pascal Tornay

dimanche 20 mai 2012

Ensemble vocal D'Croches

Dirigé par Philippe Sierro, un jeune auteur compositeur et interprète sédunois de 28 ans, l'Ensemble vocal D'CROCHES est une jeune formation vocale mixte qui s'est déjà produite lors de différentes manifestations tant profanes que liturgiques. J'ai le plaisir d'y chanter en tant que ténor.

Au répertoire varié et à la finesse vocale allant en s'améliorant au fil d'un travail commun régulier et au gré de la profonde amitié qui nous lie, D'CROCHES est promis à un bel avenir... L'amour du chant sacré qui loue le Seigneur Dieu et l'humour du chant profane qui réjouit le coeur de l'homme sont des recettes qui donne à D'CROCHES un air de joie !

Derniers concerts :
Avec la participation du choeur Horizon de Morgins
sous la direction d'Ingrid Martenet et de Thierry Rouiller.

MORGINS (église) - Samedi 13 octobre 2012 à 20h30
SION (chapelle de Vissigen) - Samedi 20 octobre 2012 à 20h


dimanche 8 avril 2012

Critiquer pour exister...

Sur tous les plans, et en particulier dans les affaires politiques, la maxime qui constitue mon titre est particulièrement patente…

Je ne vais pas parler ici de toutes les critiques. Seulement de celles qui, pourries en leurs racines mêmes, engendrent méfiance, mépris et colère chez ceux qui les lancent et au contraire consternation, déception et découragement chez ceux qui les reçoivent. Point ici de jugement envers les lanceurs de critiques de la mauvaise espèce, car je me mêle moi-même sans vergogne à eux tous. En effet, tout être humain qui voudrait porter un jugement honnête sur les choses du monde, devrait en même temps affirmer et assumer son état de faiblesse généralisé, d’incomplétude, et d’humilité totale, s’il souhaite que son regard puisse contenir un tant soit peu de vérité. Tout faible et faillible que je suis, ne pourrais-je ne pas indiquer à celui qui veut bien m’entendre ce que, de mon point de vue appuyé par la pratique de l’existence, le travail intellectuel et l’écoute de la Sagesse divine, je perçois ?

vendredi 9 mars 2012

Le pouvoir politique ?

Extrait des interventions du prof. Alain Tornay, donné dans le cadre de l’Université Populaire d’Entremont

Avant toute investigation, le premier pas philosophique consiste à trouver les questions les plus simples possibles pour interroger une notion recouverte par le temps. En effet, les bases d’une bonne réflexion, ce sont de bonnes questions. La première, tellement simple, serait : qu’est-ce que le pouvoir ? Suivraient : D’où vient-il ? et Comment est-il fondé ? Ou encore : est-il nécessaire ?

La question du pouvoir politique relève de la sagesse pratique ou de la philosophie appliquée. En ce sens, on peut pressentir que différentes questions d’ordre moral vont rapidement affleurer. Deux types de problématiques morales se poseront ici. Premièrement la question de la vision de l’Homme qui fonde l’exercice du pouvoir et deuxièmement, l’objectif, ou en d’autres termes, en vue de quoi le pouvoir est exercé. On parle ici de causes finales, c'est-à-dire que le but fixé va être cause du comportement adopté par les acteurs en amont.

Platon le premier a théoriser cette question du pouvoir politique. Aristote ensuite a développé sa pensée. La cité-état athénienne lui donna l’occasion d’enraciner sa théorie dans une expérience très concrète.

Le pouvoir
Notre monde est un monde en devenir. Tout change et se transforme. Pour comprendre de « devenir », Aristote utilise le terme de puissance, comme une potentialité d’être que portent les choses. Les personnes, a plus forte raison encore que les choses, disposent de cette capacité. Le verbe pouvoir est un des verbes les plus usités. Quelle banalité de s’exclamer : « je peux ! » Et pourtant…

Parmi les multiples capacités de l’Homme, il y a le pouvoir au sens de capacité de réalité une action qui porte en elle-même un changement. Le pouvoir politique en tant que pouvoir particulier se range dans cette catégorie.

La faille

Au commencement, j’étais.
C’était moi. Moi, c’était tout.
C’est tout moi ça !

J’aimais ma propre compagnie.
Quelle complaisance !
Un con plaisant, vraiment.

J’aimais mes longs dialogues.
Il fallait m’entendre bavarder,
Baver hardi sur celle et celui !

Au fond de moi, il y avait un grand je.
Il sortait le grand jeu.
Et jeu mes pattes !

Je m’aimais, mais…
Je me mirais.
Je croyais mémé !

Un jour, j’ai été seul.
Mon jeu a cessé,
Et une faille s’est ouverte.

http://www.pyfreund.net

La défaillance fatale.
Dans mes faïences sans failles
s’est ouverte la fissure.

Je croyais que de la faille
Jaillirait la mort.
Car j’en humais l’odeur.

Puis une faible lumière
A coulé dans la faille.
J’allume hier dans l’aujourd’hui.

La lézarde du moi s’ouvrait.
Je m’aperçus différent.
Un autre moi fit face.

On s’envisage...
Il s’est glissé dans ma faille.
Enfin en vie et sage !

Il m’a aimé du regard.
Je l’ai vu dans ses mains.
C’est là que moi je suis.

Le défi d’ouvrir à l’autre,
C’est le risque d’être lié.
Et faire fi de l’ego.

Délivré de moi-même.
Je suis tout avec, tout pour, tout en creux…

J’aime mon moi, car il est faille… abîme

Où passe enfin la lumière
qui vient restaurer mes faïences. 
Il coule enfin le parfum de l’attente… Enfin.

Pascal Tornay

dimanche 4 mars 2012

Sacrifices sans dessus dessous !

Pourquoi lie-t-on si souvent le carême à la privation de chocolat ? En abordant le sens du carême, j’ai souvent remarqué que cette période était mal perçue. « En carême, on ne peut pas… En carême, il ne faut pas… En carême, on ne doit pas… » L’objectif du sacrifice est mis sans (sens !) dessus dessous… Retrouvons-en la source.

Le mot sacrifice a mauvaise presse car notre société considère comme fou de se refuser un plaisir. Mais voilà, en ne se refusant jamais rien, le cœur des hommes s’endurci ! C’est ainsi que vous, les parents, vous n’accédez pas – heureusement – à toutes les requêtes de vos enfants !

Sacrifice signifie « rendre sacré ». Faire un sacrifice est donc une démarche visant à rendre sacré  quelque chose ou quelqu’un ! Prenons un exemple. Pour pouvoir acheter l’objet dont ils rêvent, les parents apprennent aux enfants qu’ils vont devoir se priver de dépenser leur argent de poche à tort et à travers. Ceci pour déployer tous leurs efforts en vue d’obtenir l’objet tant désiré. Pour le carême c’est pareil, mais avec les choses invisibles ! Ces « choses » sans lesquelles nous mourrions comme le pardon, la joie, la paix, l’amour, le silence, la vérité, la justice, etc. En carême, nous nous privons de quelques bonnes choses de la terre parce que nous pressentons que, dans le Ciel, il en existe de bien supérieures.

Dieu est notre Père, le Créateur. Tout lui appartient et, comme nous sommes ses enfants, nous pouvons obtenir tout de lui. Ceux qui découvre cela, trouvent souvent bien dérisoires et sans goût leurs anciennes convoitises. C’est comme si elles ne valaient plus vraiment la peine. Vous avez déjà vu votre ordinateur vous consoler quand vous avez des ennuis ?

Faire un sacrifice, ce n’est pas se priver pour se priver… Qui donc arrive à un beau résultat en se privant pour rien ? Ce n’est pas motivant ! Mais se priver de bonnes – ou de mauvaises – choses pour en obtenir de bien meilleures : ça oui, ça vaut la peine !

Le jour viendra, lorsqu’il faudra passer sur l’autre rive, où il faudra accepter de perdre même sa vie… pour gagner celle du Ciel. C’est ainsi que chaque année, l’Eglise propose un temps de préparation pour qu’un jour nous puissons faire ce Grand Sacrifice. Ça a déjà commencé !

Pascal Tornay
Carême 2012

mercredi 15 février 2012

La lumière-source

La lumière est la composante primordiale de l'univers. Comme nombre d’astrophysiciens, les Ecritures l’affirment aussi. La lumière conditionne notre vision dans tous les sens du terme. Avec l'eau, la lumière est une des conditions premières de la vie : lumière du soleil, clair de lune, lumière de l'être rayonnant, lumière intérieure. Synonyme de justice et de vérité, la lumière, le jour, la clarté inspirent, étonnent, fascinent, émerveillent.

L'homme debout et vivant est rayonnant de lumière. Ce n'est pas pour rien que les saints sont représentés avec un halo de lumière (l’auréole : étym. : couronne d’or) autour de la tête. L'homme n'est pas fait pour les ténèbres, car il est né de Dieu. Et la lumière est le signe le plus patent de la présence de Dieu en lui ou autour de lui. A la transfiguration, la lumière qui jaillit du lieu où Jésus, Elie et Moïse se tiennent et s’entretiennent, est même aveuglante, tellement elle est forte. Paradoxe de la lumière divine trop forte pour nos corps mortels.

Il reste que la lumière est capricieuse et ne se laisse pas enserrer. Sa vitesse est fulgurante. Sa puissance pénètre tout. Rien ne la surpasse. Elle nous tient entre ses mains. Une photo, souvenir de jeunesse, doit tout à la lumière. Elle se joue des objectifs et de notre regard. Et, parfois, au détour d'une prise de vue, il se peut qu'au lieu d'un caprice, la lumière se pavane et ose se montrer au grand jour !

Ah ! Si nos yeux étaient plus puissants ou – en termes scientifiques – s’ils captaient un spectre d’ondes lumineuses plus larges, nous en verrions des choses… Il n’en reste pas moins que, pour l’heure, l’organe qui nous permet la plus grande acuité est… notre cœur. Rare sont ceux qui en possède encore le mode d’emploi… N’attendons plus. Que celui qui a un coeur, qu’il regarde !

Pascal Tornay



dimanche 12 février 2012

Des yeux pour les autres...

Enregistrer des ouvrages pour les mal-voyant et les aveugles, telle est la mission de la Sonothèque romande dont les soeurs bernardines du monastère de Collombey s'occupent. A l'appelle de l'une d'elles - Sr Marie Paule - il y  de cela quelques petites années, je me suis mis au service de cette bibliothèque bien particulière. Près de 250 nouveaux ouvrages rejoignent chaque année les rayonnage de la sonothèque pour la plus grande joie de celles et ceux pour qui les oreilles sont devenues les yeux...

L'émission de la TSR intitulée "Faut pas croire" revient sur la mission de la Sonothèque par la rencontre entre les Soeurs, les aveugles et les lecteurs... Cliquez ici pour (re)voir l'émission diffusée le 11 janvier 2012 où je me prête à l'interview >>>

Le reportage est réalisé par Alexandre Stern. J'ai eu la surprise de l'avoir un jour au téléphone sur la demande des soeurs alors qu'il cherchait à prendre un premier contact avec moi au sujet de mon engagement pour la Sonothèque. 
- "Alexandre ? Mais oui, nous nous connaissons. Tu te rappelles ?" répliquai-je à l'annonce de nom. 

Nous avions en effet travaillé ensemble pour la rédaction du journal des jeunes catholiques du canton de Vaud "Le Penatzet" alors que je faisais mes études à l'UNIL. Quelle bonne surprise ! Merci Alexandre pour ces surprenantes retrouvailles...

Pascal Tornay

mercredi 8 février 2012

Être ensemble, d'abord !

http://www.paroisse-morlaas.org
J'aimerais rappeler une chose essentielle pour un Conseil de communauté. Essentielle si vite oubliée... Ce n'est pas moi seul qui tient cette parole pour essentielle, évidemment, c'est l'Eglise.

Quel est le rôle premier d’un Conseil de communauté, comme d’ailleurs de tout autre groupe de vie en Eglise ? Qu’est-ce qu’on peut bien venir y faire ?

Et bien d’abord et avant tout, on ne vient rien y "faire" ! Chacun a été appelé à se rassembler pour vivre l'Esprit dans la communauté ecclésiale. Le Conseil de communauté est d’abord un corps constitué pour manifester « l'être-ensemble » d'un peuple en marche. Chacun vient en raison de sa conscience communautaire et de son importance pour la croissance de chacun et de l’ensemble, en raison de l'amour même du Christ pour l'humanité. On y vient d’abord parce que c’est le Seigneur qui structure et donne sens à ce Corps social et spirituel qu’est l’Eglise et à ce qu'on vit ensemble. Et enfin seulement, on y vient dans le but participer à la vie communautaire, de l’organiser, de la planifier, de la conduire, d’y faire signe.

Ainsi, ce qui est d'abord constitutif de la communauté croyante, ce n'est pas le fait d'avoir des projets ou des choses à faire ensemble. C'est avant tout la présence de Dieu au milieu de nous. Venir aux rencontres du Conseil de communauté ou du Conseil de paroisse, c'est avant tout pour partager l’ « être-ensemble-devant-Dieu ». Evidemment, cela ne va pas sans les tâches pratiques, mais rappelons que cet élément fondamental – faire Corps – est à poser avant tout.

Ensuite seulement, au cœur de cet « être-signe-ensemble », prennent forme une mission, un travail, des projets au service de l'unité et de la vie des communautés et les tâches subséquentes de planification, d’organisation, d’orientation, de partage des joies et des peines des fidèles et de la communauté toute entière.

Il est si important de saisir cela, car sinon, l’on se rue tête baissée dans l'activisme en perdant de vue le Maître du projet et ses objectifs à Lui. C'est ainsi qu'on peut en arriver à faire l'impasse sur l'essentiel, sans s'être d'abord mis au diapason de l'Esprit. Rapidement, nous perdrons alors motivation et enthousiasme, car nous n’aurons qu’une unité de surface et un amour de façade les uns pour les autres.

Animer une communauté dépasse infiniment les capacités d'un groupe de personnes, même bien intentionné. L'Esprit est toujours là, mais nous devons nous mettre en sa présence. Et cela ne se fait pas de soi...

Serait-ce si fou d’imaginer qu’un Conseil de paroisse puisse se réunir parfois avec le seul ordre du jour d’écouter la Parole, de la travailler ensemble pour connaître les aspirations auxquelles le Maître de la moisson souhaite que nous répondions. A la fin d’une telle rencontre, il aurait travaillé tout aussi efficacement, dans la perspective de l'éternité pour autant qu’il mette en pratique ce qu’ils ont reçu. Je ne dis pas aux laïcs engagés et aux prêtres de ne rien faire. Je leur dis : placez avant tout le fait « d’être-ensemble », le fait de « faire corps » comme valeur primordiale et fondatrice de tout agir.

Pascal Tornay

Pascal Tornay

mercredi 25 janvier 2012

La solitude, mon amie...

Source : http://www.add-chalonsenchampagne.fr
Incontournable ! – La solitude est une réalité humaine incontournable et vitale, féconde et souvent difficile à assumer. La solitude, c’est d’abord un vertige essentiel à la vie. Elle la secoue. Secousse fondamentale pour jaillir de l’ornière, échapper un à regard trop focal, commencer à refaire du neuf. La solitude est un défi pour moi-même. Je puis être bien accompagné, harnaché par la fraternité humaine, mais ne suis-je pas seul finalement à vivre ce qui m’est donné à vivre ?

Connais-toi toi-même. – Accepter et apprécier sa propre compagnie est un défi permanent. Rester seul nous contraint à nous apprivoiser, à nous regarder droit dans les yeux, à ne pas fuir dans n’importe quelle relation. Dame solitude nous conduit au connais-toi toi-même de Socrate. Cette solitude fondamentale aux abords si austères, n’a-t-elle pas, en fin de compte, un message joyeux à nous apporter ? N’aurait-on pas avantage de s’en faire une amie ? En réalité, la solitude a des visages divers : « Il n'y a pas deux temps pareils de solitude car on n'est jamais seul de la même façon », a pu dire Henri Bosco, écrivain français, un peu amusé…

Ambivalence. – Tour à tour compagne vitale et adversaire redoutable de tout être humain, la solitude reste une épreuve souvent délicate à vivre pour beaucoup d’entre nous. A ne la voir qu’habillée de noir, vous pourriez passer à côté des trésors inestimables qu’elle offre à qui veut bien l’écouter. Ne la voir que vêtue de blanc, c’est nier qu’elle fait souffrir de très nombreuses personnes. Comme tant de réalité, la solitude est ambivalente ; elle se présente sous divers auspices et les expériences des uns viennent enrichir celle des autres.

Seul, mais pas isolé. – Il est bon de sauvegarder notre capacité à rester seul, car, comme on sait, notre capacité à être bien seul est intimement liée à celle d’être bien ensemble. C’est ce qui a fait dire à l’écrivain russe Anton Tchekhov : « Si vous craignez la solitude, ne vous mariez pas ! » Ne confondons pas non plus solitude et isolement. Si la première peut être largement féconde, la seconde est clairement mortelle, car elle sectionne profondément notre capacité à nous lier et nous enferme (enfer !) en nous-mêmes jusque dans la folie. Pensons aux détenus mis en isolement trop longtemps, par exemple

Assumer pour aboutir. – Unique au monde, chacun d’entre nous doit pouvoir assumer une certaine solitude. En effet, chacun pourra rapprocher son jardin de celui d’autrui, il n’en reste pas moins que ce sera seul, finalement, qu’il faudra prendre les petits et les grands virages de la vie… jusqu’au dernier instant. La solitude mérite donc qu’on l’écoute, qu’on lui tienne tête, enfin qu’on en découse. 

Petite approche biblique

Le mot « seul-e » et « seulement » revient plus de 540 fois dans la Bible. Voici les principales orientations sémantiques et bibliques du terme solitude :

a. Les solitudes liées au désert comme dans le livre du Deutéronome (32, 10) : « Au pays du désert, il le trouve, dans la solitude lugubre de la steppe. Il l'entoure, il l'élève, il le garde comme la prunelle de son œil. »

b. Dieu dit qu’il va réduire la terre, le pays, la ville en solitudes c'est-à-dire les dépeupler, les rendre ces lieux inhabités et secs comme dans Jérémie (2, 15) : « Contre lui des lions ont rugi, poussé leur hurlement. Ils ont réduit sa terre en solitude, ses villes incendiées n'ont plus d'habitants. »

c. La mère restée seule fidèle au Seigneur comme dans le livre du prophète Baruch (4, 11-22) : « Que nul ne se réjouisse sur moi, veuve et délaissée d'un grand nombre ; je subis la solitude pour les péchés de mes enfants, car ils se sont détournés de la Loi de Dieu. (…) On emmena les fils chéris de la veuve, on la laissa toute seule, privée de ses filles. (…) Allez, mes enfants, allez votre chemin ! Moi, je reste délaissée, solitaire. (…) Car j'attends de l'Eternel votre salut, une joie m'est venue du Saint, pour la miséricorde qui bientôt vous arrivera de l'Eternel, votre Sauveur. »

d. Le solitaire est malheureux comme dans le Psaume 25 (16) : « Tourne-toi vers moi, pitié pour moi, solitaire et malheureux que je suis. » ; dans le Psaume 102 (8) : « Je veille et je gémis, comme l'oiseau solitaire sur le toit. » ou encore dans le livre d’Isaïe (63, 3) : « A la cuve j'ai foulé solitaire, et des gens de mon peuple pas un n'était avec moi. »

e. La communauté conjugale comme dans le passage fameux du livre de la Genèse (2, 18) : « Le Seigneur Dieu dit : "Il n'est pas bon que l'homme soit seul. Il faut que je lui fasse une aide qui lui soit assortie." »

f. Seul au sens d’unique comme dans le livre de la Genèse (7, 1) : « Le Seigneur Dieu dit à Noé : "Entre dans l'arche, toi et toute ta famille, car je t'ai vu seul juste à mes yeux parmi cette génération. »

g. Seul au sens de l’unité individuelle.


h. Seul dans les moments cruciaux comme dans le livre de la Genèse (25, 32) : « Et Jacob resta seul. Et quelqu'un lutta avec lui jusqu'au lever de l'aurore. » ou dans la lettre de saint Paul aux Galates (6, 4-6) : « Que chacun examine sa propre conduite et alors il trouvera en soi seul et non dans les autres l'occasion de se glorifier ; car tout homme devra porter sa charge personnelle. »

i. Être ou rester seul comment dans le livre de la Genèse (42, 38) : « Mais il reprit : "Mon fils ne descendra pas avec vous : son frère est mort et il reste seul. »
   Ou comme dans le 1e livre des Rois (18, 22) : « Elie poursuivit : "Moi, je reste seul comme prophète de Yahve, et les prophètes de Baal sont 450. »
   Ou encore comme Jésus dans l’Evangile selon Matthieu (14, 23) : « Et quand il eut renvoyé les foules, il gravit la montagne, à l'écart, pour prier. Le soir venu, il était là, seul. »
   A la transfiguration (Mc 9, 2) : « Six jours après, Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean et les emmène seuls, à l'écart, sur une haute montagne. »
   En Jn 6, 15 : « Alors Jésus, se rendant compte qu'ils allaient venir s'emparer de lui pour le faire roi, s'enfuit à nouveau dans la montagne, tout seul. »
   Ou enfin en Jn 12, 24 : En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il demeure seul ; mais s'il meurt, il porte beaucoup de fruit.

j. Ne pas être seul comme le Christ parlant de sa proximité avec le Père en Jn 16, 32 : « Voici venir l'heure – et elle est venue – où vous serez dispersés chacun de votre côté et me laisserez seul. Mais je ne suis pas seul : le Père est avec moi. »

Pascal Tornay

jeudi 5 janvier 2012

Le traditionalisme ou l’anti-dynamique de la vie

Toute idéologie, doctrine ou courant de pensée asservi à la recherche illusoire d’une quelconque pureté acquise de main d’homme est un lieu de souffrance, une insupportable crispation et une terrible fermeture à la puissance transformatrice (purificatrice, re-créatrice) de la vie au sens large du terme. Le traditionalisme est une option philosophique transversale, c'est-à-dire qu’elle se niche à différents niveaux dans le penser et l’agir politique, social, culturel et religieux.

Au sens strict, le traditionnel n’existe pas puisque tout ce qui vit ici bas est appelé à la mutation, à la transformation continuelle, voire à l’extinction, qu’on le veuille ou non. Si l’on veut de la solidité absolue, il ne faut pas la chercher dans la chair chez les hommes. Seules existent en réalité des habitudes sociales et des schémas de penser plus ou moins mortifères sur le long terme. En ce sens, le traditionalisme est une sorte de stratégie de blocage et de fixation des inévitables transformations existentielles. Pour prendre une autre image, on peut parler du traditionalisme comme d’une sorte de manière de mettre les bâtons dans les roues de la puissance (re)créatrice de la vie. Comme on le pressent, ce fixatif ne tient pas longtemps, car la puissance de la vie rappelle à tout instant sa souveraineté. Le traditionnel va tenir comme un barrage de sable que l’eau érode…

dimanche 1 janvier 2012

Vœux pour 2012 et nouvelles de Kinshasa (RDC)

Chers amis,

Dans le climat estival – il a fait plus de 30 degrés le 4 – et festif – le 1er janvier est plus célébré que Noël !? – de ce début d’année ici à Kinshasa, je vous adresse mes vœux de joie et de paix. Que le Seigneur Dieu ranime en chacun de vous la puissance de son Esprit de sagesse et d’intelligence, de conseil et de force, de connaissance et d’affection filiale. Qu’il vous enracine en Lui par sa Parole et son Eucharistie.

Arrivé à Kinshasa le 20 et retrouvé Colette qui devriendra ma femme tout prochainement, j’ai été accueilli par les Pères CPCR dans leur maison de Kintambo/Kinshasa où Colette et moi avons passé Noël dans une rare simplicité. Le Père Yves Bochatay nous a invité, le lendemain de Noël, le 26, dans la maison-mère de la Communauté à Kimwenza pour bénir et fêter nos fiançailles. Ce fut une belle et mémorable journée de joie avec tous nos amis du Congo et d’ailleurs.


Ici en R.D.C, les autochtones, s’ils veulent survivre, n’ont pas le choix. Ils sont contraints de faire du neuf avec du vieux, du très vieux, du cassé, du moulu... Si vous voyiez l’état des routes, des bus de transport en commun encore marqués de CH ou de D à l’arrière, du réseau d’égouts et d’électricité, les conditions d’hygiène catastrophiques, l’insalubrité des quartiers surtout à la saison des pluies où les eaux stagnantes sont le repaire des toutes les maladies possibles et je vous en passe ! Je suis ébahi de ce qu’ils arrivent encore à faire…

Faire du neuf avec du vieux ici, cela signifie survivre : inventer des solutions, retomber sur ses pieds par Dieu sait quel stratagème ; c’est aussi se débrouiller avec rien, 1 ou 2 dollars par jour pour 10 personnes ! C’est faire face. C’est trouver le chemin de demain dans un dédale de problèmes humains, sociaux, techniques, pratiques incroyables ! Faire du neuf, ici, c’est une question de vie ou de mort. Soit tu fais du neuf avec ce que tu as – et souvent avec ce que tu n’as pas – soit tu restes au bord de la route et tu crèves comme un chien. Alors, plus qu’un leitmotiv, « faire du neuf avec du vieux » ici à Kinshasa comme à tant d’autres endroits sur ce continent en souffrance, c’est un véritable mot d’ordre. Tirons-en les leçons, nous européens, malades des maux inverses. Passer d’Afrique en Europe, c’est en effet passer de l’anorexie à la boulimie… Difficile de dire lequel est le pire, car de sacrés défis sont posés de chaque côté de la Méditerrannée !

Pour ce qui est spirituel, le Seigneur exhorte à faire du neuf tout court. Ne dit-il pas : « A vin nouveau, outres neuves » ? Ce que propose le Seigneur est trop radical, trop grand, trop merveilleux pour être contenu dans nos vieilles outres. Tout éclaterait ! Laissons-nous donc transformé, régénéré par l’Esprit créateur pour que notre regard soit neuf tous les matins pour affronter l’existence, garder le cap du Ciel et nous ouvrir à l’invention d’un surprenant aujourd’hui !

Bonne et heureuse année 2012 à bâtir ensemble !
Avec mon amitié et mon cordial salut.

de Kinshasa (R.D.C), 
Pascal Tornay, animateur pastoral

dimanche 4 décembre 2011

Il était une fois…

Le conte est une manière extraordinaire de faire résonner (= sonner de nouveau) à tous nos sens une réalité cachée. Réalité pas si cachée d’ailleurs pour celles et ceux qui ont gardé cette capacité de la conscience humaine à s’ouvrir à la profondeur de sa propre existence.

Les histoires que les enfants aiment tant nous transportent au-delà de la réalité. Non pas dans la fiction, mais dans une sorte d’hyper-réalité ! Un lieu spirituel, mystérieux et bien souvent criant de vérité. Tellement vrai qu’on aime y rester. Paradoxe ! Les adultes aussi aiment les histoires. Ils finissent toujours par s’en raconter eux aussi beaucoup, mais ça c’en est une autre… Il y la belle histoire et les histoires…

dimanche 27 novembre 2011

Les pouvoirs de l’Homme


Un jour en cours d’Enseignement religieux scolaire (ERS) à l’école primaire, parlant de la puissance de Dieu, un élève s’exclama : « Dieu est un salaud. Il n’a pas voulu partager ses pouvoirs avec nous. Il n’a tout donné qu’à Jésus ! » J’ai trouvé cette exclamation très enfantine au premier abord. Elle est très pertinente en réalité, car son interpellation m’a obligé à réfléchir là-dessus. En effet, il y a du vrai dans sa perspective.

Du point de vue de l’enfant, Dieu n’a partagé sa toute-puissance qu’à Jésus Christ, son Fils. En ce sens, il n’avait pas tort. Il faut pourtant affiner et élargir cette vision pour plus de justesse…

dimanche 6 novembre 2011

Laisse ta place !

Qui veut essayer le nouveau
siège éjectable" ?

En dehors de toute prétention politologique, je pose l’hypothèse suivante : Le fait qu’un politique ne parvienne pas à laisser sa place à d’autres personnes est une preuve formelle que sa manière d’aborder le travail politique est (était) mauvaise. N’ayant pas (eu) cette humilité fondamentale en face de l’immensité de la tâche publique, il est fort à craindre qu’il l’aie mal faite ou qu’il s’apprête à en être profondément indigne ! S’accrocher à son fauteuil d’élu, quel orgueil ! Muhammar Kadhafi ? Laurent Gbagbo ? Abdoulaye Wade ? Mais est-ce là un problème africain ? Certes non.

Un exemple : « A 86 ans pourquoi WADE s’accroche t-il autant au pouvoir ? » 

"Mais pourquoi donc le Chef de l’Etat s’accroche-il autant à son fauteuil ? Cette question aurait pu paraître saugrenue si elle était suffisamment assumée au Sénégal où la politique est devenue, malheureusement, la seule échelle d’ascension sociale. Au lieu d’être la voie royale pour se mettre au service de son peuple, servir l’intérêt général, le Parti Démocratique Sénégalais (PDS) s’apparente plutôt à se servir du peuple pour des intérêts personnels et égoïstes. Dans ces conditions, il est tout à fait logique et légitime de suspecter la bonne foi du camp présidentiel qui ne veut pas céder la place, surtout que la loi fondamentale de notre pays le lui exige. Pire, il en trouve même qui ne veulent pas organiser des élections propres. Le président aurait dû attribuer le poste de ministère chargé des élections à un militaire neutre ou lorsqu’il consente à le faire, sous la pression des bailleurs de fonds occidentaux, il semble y aller seul et dans des conditions catastrophiques.

Au Togo et au Burkina, l’ambiance qui a précédé les dernières élections qui se sont déroulées dans ces pays n’est-elle pas la preuve d’un « triomphe sans gloire » qui finit par ronger l’intérêt même des consultations électorales ? A quoi sert d’organiser des élections si on connaît, à l’avance, celui qui va les remporter ?

Onze années après le lancement au forceps du processus de l’alternance démocratiques dans notre  pays, on n’est pas sorti de l’auberge. A chaque fois que la période électorale s’approche, tout se passe comme si le train de l’Etat abordait un virage dangereux. Lorsque le président sortant use de tous les subterfuges pour demeurer l’éternel maître à bord, il faut craindre nécessairement le pire. Pendant ce temps, le désenchantement politique est garanti."

Qu’en pensez-vous ? Et nos indéboulonables ? Cela vaut dans les sphères de l’Etat ou de l'économie comme pour une société culturelle ou une fête de famille… Vous êtes accro ? Alors c’est fini : vous vous servez… Vous ne servez plus !

Pascal Tornay

samedi 5 novembre 2011

Laissez-(Le)-faire !

La prière, c'est-à-dire la relation avec Dieu, est paradoxale. Ce n’est pas d’abord une action, c’est un état d’être ou de conscience dont je dois prendre soin et que je laisse progressivement m’envahir. Il s’agit là avant tout d’un acte de foi et de volonté à très grand potentiel. Il se joue ici rien moins que notre naissance. Naissance chaque jour à qui je suis. La prière n’est donc pas en premier lieu un état de parole mais un état de disponibilité à moi-même et, plus loin à un autre-(que)-moi. Un état de d’éveil dans la somnolence ! C’est en fait l’être extérieur qui semble somnoler… mais l’intérieur est en éveil, en veille, à l’affût. Je ne me suis jamais senti autant en vie que dans cet état de prière. Comme Georges Haldas aimait à dire qu’il vivait en état de poésie, le croyant, lui, vit en état de prière. Lorsque S. Paul exhorte les croyants à prier sans cesse, il ne demande évidemment pas de parler à Dieu sans cesse, mais de placer notre être en état de relation permanente avec le Seigneur.

Prenez les amoureux, ils n’ont pas besoin de parole pour rester en relation. Il leur suffit d’être là ! (des heures et des heures, inlassablement). Leur relation n’est pas d’abord faite de paroles, mais de présence ! Prier, c’est aimer être en présence de la Présence. L’état de prière, c’est d’abord un laisser-faire. Une descente en moi-même où je vais pouvoir me découvrir, prendre conscience de mes monologues quotidiens, des couches plus enfouies de ma personne. C’est moi qui descend, mais un autre-(que)-moi va surgir que je connais peut-être moins bien. C’est moi, mais une autre facette de moi. Ici, faisons d’abord halte, un moment, un bon moment. Aller plus loin ? Peut-être pas tout de suite. Comme un palier de décompression, mais en descendant… Qu’y a-t-il plus loin ou, mieux dit encore, qui y a-t-il plus loin ? Moi, encore moi, certes. Mais quelqu’un d’autre frappe…

Il y aurait donc quelqu’un en moi ? Vais-je ouvrir la grande muraille de ma ville intérieure ? Cela ne nécessite finalement aucune condition particulière, si ce n’est le temps. Il faut du temps, de la patience, le temps d’y venir, d’y revenir... L’état de prière s’acquiert lentement. C’est la persévérance qui permettra d’aller assez bas en nous pour parvenir à ce lieu secret où est niché mon être profond : mon centre diraient d’autres. C’est là que Dieu me rejoindra. C’est là, le lieu du rendez-vous. Un lieu sacré et inviolable que si peu de gens visite. Ont-ils peur d’y aller ?

Oui, beaucoup se méfient de la prière et du silence – ils ont raison – car ils sentent bien sa capacité d’engendrement et de transformation. Alors même qu’ils pensent se posséder eux-mêmes et maîtriser leur vie, beaucoup seraient surpris de voir, dans le silence de la prière, combien ils sont extérieurs à eux-mêmes, éclatés, désunis et combien ils subissent la plupart des événements de leur existence. C’est ainsi que la prière peut être perçue comme étant dangereuse. Affirmons-le : le lien régulier avec Dieu dans l’état de prière est subversif, comme l’est toute relation humaine en fin de compte. N’est-il pas vrai que deux amis qui se côtoient régulièrement deviennent un peu semblables ? Ne devenons-nous pas un peu comme ceux que nous fréquentons ? Il en va de même avec Dieu. Si vous osez le côtoyer pour le mieux connaître, vous verrez combien nous lui ressemblons déjà. Sa lumière et sa vérité font toute chose nouvelle. Elles purifient, réajustent, recréent ce qui était mort. Même si rien de sensible ne s’est passé, si vous vous confiez à lui. Il saura prendre grand soin de vous, puisqu’il est l’Amour.
Pascal Tornay