Aimer - connaître

Aimer - connaître
Photo de Guy Leroy

lundi 3 mars 2008

De l'essentiel !

Vue depuis Randogne,
la vallée du Rhône, Sierre, Chippis (VS)
Il y aurait tant de tendresse à donner, tant d’amitiés à conquérir, de petits bonheurs à transmettre et de sourires à offrir. Il y a tant de choses simples, si simples qu’elles sont délaissées, je ne sais pourquoi. Pourquoi est-ce qu’un sourire est parfois si difficile à esquisser ? C’est ma foi de ces choses si quotidiennes dont sont faites la vie quotidienne de la plupart des gens, comme nous, sans importance. Les gens sans importance, ceux qui ne disent rien, qui vivent leur existence, au milieu d’une famille, dans une ville, qui parfois sont heureux et sourient, simplement, vraiment, juste parce qu’ils aiment la vie.

C’est simple, c’est magnifique, il faut le reconnaître, mais on ne rencontre que peu de ces gens-là. Discrets. Il y aurait à remettre ici-bas les choses essentielles à la place qu’elles méritent. Certaines valeurs porteuses de sens ont passé de mode, il suffit désormais - pour être "in" - un pantalon de telle marque, une voiture de tel type, ne pas fréquenter - trop - les lieux de culte sous prétexte de passer pour un arriéré, un simple d’esprit,... pour un con ! Doit-on se restreindre à choisir de dire, de faire, d’acheter telle ou telle chose sous prétexte qu’on ne le dise, qu’on ne le fasse, nous ne serions plus considéré ! "Mais qu’est-ce que les gens vont dire ?"... Les valeurs que l’on attribue aux choses - aux êtres aussi – dérapent entre autres sous l’effet extraordinaire de la publicité et du marché des affaires - quelles qu’elles soient… Achetez ceci, cela et vous serez le roi, vous obtiendrez le pouvoir, vous serez regardé enfin à la hauteur de ce que vous valez... L’on vous rappelle d’ailleurs que « vous le valez bien » !


Bref, il faut faire comme tout le monde, sinon tu es exclu du monde « normal ». Banalité qui pèse sur tant d’épaules. Il y conformisme et anti-conformisme, tous deux des écueils à éviter. Je voudrais bien savoir ce qui est "normal" et, surtout, qui défini les critères de normalité. On sent bien qu’on est en terrain mouvant, manipulés que nous sommes, mais en partie responsables des choix dont le regard de certains nous prive. Je que je veux dire, c’est que la normalité des hommes, créatures imparfaites ô combien, orgueilleuses et poussées par le gain, le pouvoir et l’égoïsme - pas toujours, bien entendu, il reste une place au recul - est bien arbitraire, ne satisfera toujours qu’une partie des gens et oppressera sans conteste, l’autre partie. Il nous est impossible à nous, hommes, justement parce que nous sommes incapables d’être parfaits, de fonder notre monde, notre vie sur des principes parfaitement équitables, poursuivant bien souvent des buts trop peu désintéressés. Il y a le bon grain et l’ivraie, purifier le champ revient à prendre trop de risques. Laissons-les grandir ensemble, en une tension qui soit dynamique.


Je rêve à un monde où la gratuité des sentiments et leur authenticité ne seraient pas souillées. A un monde de paix, où l’orgueil, la guerre et les déchirements seraient bannis. Ceci est impossible tout le monde le sait. Je le rêve tout de même, sûr que la vie et l’amour sont déjà victorieux par la mort et la résurrection du seul Juste, Jésus-Christ. Sur quoi donc faudrait-il fonder sa vie, sur quelles bases solides ? Comment construire une vie sensée ? Il faudrait des vies pour y répondre et nous n’en avons qu’une. Mais elle est suffisante, bien suffisante. Il existe un ingrédient si subtil capable, s’il est pur, simple et gratuit, de renverser les montagnes, de détruire les maux de ce monde... Mais, vois-tu, nous n’en sommes pas la source.

Posons-nous d’abord la question : Que cherchons-nous sur cette Terre ? Où courrons-nous tous si vite, sans réfléchir trop, sans lever la tête ? Tant de gens croisent nos pas chaque jour, dans la quasi indifférence, tant de petites choses si indispensables à une vie passent aux oubliettes. On ne s’est pas aperçus ou, mieux dit, on a pas voulu s’apercevoir, pendant longtemps, que le monde ne tournait pas toujours bien rond. Puisque tout ne va pas bien, que peut-il bien manquer à notre monde ?

C’est souvent à l’approche de la mort que ces questions se posent, quand l’homme sent qu’il ne guide plus rien, qu’il n’est - pour tout dire - pas grand-chose, et qu’il ne tient qu’à un fil ; ou alors, lorsqu’il a des problèmes sérieux à surmonter, il se sent l’âme d’élever, un peu, son regard. Il se demande alors : "Mais, au fond, comment ? pourquoi ?" Suivant l’éducation que l’on a reçue – c’est bien entendu - ces questions peuvent nous percuter plus tôt, ou plus tard à travers l’existence. L’adolescent est touché de plein fouet par ces questionnements, qu’il sera tenté de refouler pour rester adéquat à son groupe ou à l’image qu’il souhaite préserver. Manquer de recul, refuser de se remettre en cause, n’est-ce pas un piège
récurrent ? Qu’en dis-tu ?

Essayons de comprendre. Tu te rends sûrement compte qu’il existe plusieurs éléments qui font marcher notre monde. Il y a en premier l’argent, ensuite le pouvoir dont les corollaires immédiats sont la peur et l’intérêt. Si quelqu’un as beaucoup d’argent, il lui est possible d’acquérir de nombreux objets – inutiles bien souvent à son épanouissement profond d’ailleurs – qui ne vont servir qu’à étendre son désir d’en posséder plus encore et qu’à l’attacher à elles comme la prunelle de ses yeux. Il deviendra probablement agressif dès quelqu’un y touchera (à son argent et à tous les objets qui lui appartiennent) et son esprit ne sera bientôt occupé plus que par ses passions, ses objets, l’égoïsme et le plaisir de posséder encore plus. Ainsi, les objets remplacent lentement les êtres humains. Alors, si quelqu’un tombe malade de cette maladie, il se coupe des gens, il ne pense bientôt plus qu’à lui, en bref, il devient aigre. L’argent et la richesse n’entraînent pas obligatoirement et directement la dureté de cœur, l’avarice, et l’égoïsme, mais ils sont des facteurs incontestables. On ne peut pas servir deux maîtres à la fois, a dit Jésus-Christ. Notre société est dite capitaliste, et donc fondée sur l’intérêt personnel et le profit, le profit des hommes, de leur travail, de leurs capacités physiques et mentales. C’est une illusion de croire qu’il s’agit de changer le monde ? Le monde n’est-il pas fait d’êtres responsable et libres de leurs choix... L’égocentrisme d’un système s’enracine nécessairement dans de multiples choix personnels. Le monde change si les individus changent. C’est parce que je choisis de biaiser un peu que j’introduis dans le monde une dose de mensonge. C’est par un choix vrai et courageux qu’il y a dans le monde un peu plus d’authenticité.

La suite, demain !

Pascal Tornay

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